Colloque international | Le Populisme : dilemmes théoriques, contextes de propagation et expériences comparées
Le Centre arabe pour les recherches et l’étude des politiques en Tunisie (CAREP), annonce l’ouverture de réception des propositions de recherche en vue de la participation au colloque international qui se tiendra les 20-21-22 mai 2021 en Tunisie, sur « Le Populisme : dilemmes théoriques, contextes de propagation et expériences comparées« .
Argumentaire
Si la plupart des chercheurs s’accordent sur l’aspect moderne du populisme, ceci ne doit en aucun cas entamer notre volonté de mieux scruter les premiers balbutiements de ce phénomène ainsi que ses origines depuis l’antiquité. Etudier les racines historiques du populisme, que certains ramènent aux temps anciens, n’est en fait qu’une tentative d’enracinement, battue parfois en brèche par les changements de sens et pratiques, survenus au cours des transformations postérieures de ce phénomène. Ce dessein critique paraît de prime abord intenable, pour des considérations multiples, parmi lesquelles il faut énumérer les changements subis par le populisme, en tant que concept et pratique, à un point tel, qu’il a failli perdre ses aspects premiers. Probablement, les débuts véritables de ce phénomène, convergent selon ces chercheurs, avec l’émergence de la démocratie moderne qui souffrait prématurément de maux multiples.
Durant plus d’un siècle, le populisme, comme pensée et comme pratique, connut une large expansion, prenant des formes innombrables qui s’inspiraient des spécificités culturelles et politiques locales ainsi que des différentes transformations régionales et géopolitiques. Il en résulta l’apparition de ramifications et de fissures nouvelles, à un point tel, qu’on commença à évoquer des populismes spécifiques, comme, à titre d’exemple, les populismes de l’Amérique latine, les populismes d’Europe, les populismes d’Asie, et les populismes d’Afrique … etc. Aussi, faut-il souligner que le populisme n’aurait jamais eu tout ce succès, ni pu créer ces grands foyers, sans cette « demande » allant crescendo. On peut aussi évoquer d’autres raisons plus profondes à un tel succès, liées aux crises structurelles aiguës qui avaient accompagné le cheminement de la démocratie libérale. Mais cette dernière hypothèse a besoin d’être vérifiée de plus près. Néanmoins, ce qui rend cette approche fiable et plausible, ce sont les nombreux efforts de théorisation dont le but consiste à faire du populisme une réponse alternative acceptée par le monde et la politique et jugée à même de sauver le peuple des défauts et dangers de la démocratie, et de lui permettre de réaliser pleinement sa volonté et sa souveraineté.
Nombre de chercheurs ont tendance à croire que le populisme tire sa légitimité des échecs des élites notamment dans leur prestation politique qui a usé la démocratie durant de longues décennies. Ainsi avons-nous assisté à la régression de la participation politique et à l’usure de la base populaire des partis. Les citoyens se sont détournés des urnes et de la chose publique. Le tout dans une ambiance d’exaspération contre l’accroissement du pouvoir des corps intermédiaires accusés d’avoir usurpé la volonté du peuple qui se sent désormais étranger chez-lui. Ce sont là, sans doute, quelques facteurs qui ont participé à la montée du populisme. Mais, faut-il encore le souligner, ces remarques ne sont que des hypothèses sur lesquelles les sociétés scientifiques ne sont pas tout à fait unanimes.
D’aucuns d’entre nous, croient que le populisme, dont l’apparition avait coïncidé avec le début des démocraties libérales dans les sociétés occidentales, est une question qui ne nous concerne pas du tout et que nos pays resteraient à l’abri de ce phénomène. Seulement, cette idée est fallacieuse et ce pour deux raisons. La première consiste au fait que certains pays arabes ont connu dans leur histoire politique moderne des formes de populisme, notamment au moment des indépendances nationales, qui ont permis à des régimes despotiques, d’arriver au pouvoir. Lesquels régimes n’ont cessé de clamer qu’ils représentent la conscience et la voix originale du peuple et qu’ils sont la cristallisation même de sa volonté. Tout ceci a conduit à d’innombrables justifications pérennisées par des leaderships charismatiques qui en ont assumé un grand rôle. Quant à la deuxième raison, elle provient de l’influence des populismes actuels dans les évènements du moment ainsi que dans les relations internationales. D’autant plus que ces populismes sont une source d’inspiration pour plusieurs « mouvements politiques arabes » ; aussi le discours politique du pouvoir en place, tout comme celui de l’opposition, s’alimentent-t-ils du lexique et de l’exercice du populisme.
Pour analyser et décortiquer ces thèses, et pour répondre à un certain nombre de questions posées par les problématiques en suspens, le CAREP organise un colloque international intitulé : « le populisme : dilemmes théoriques, contextes de propagation et expériences comparées », qui abordera les axes suivants :
partisans et de sympathisants, a influencé le cours des évènements et déteint la culture politique. Il a donné à celle-ci une coloration spéciale alimentant le discours politique de termes nouveaux et le paysage politique de pratiques inédites. Ce discours populiste, dont les détenteurs ont des orientations politiques et idéologiques différentes et mêmes contradictoires, et qui viennent d’origines sociales disparates, tend à condamner la transition démocratique, et juge tout ce qui en résulte comme étant de l’anarchie politique, un recul de la souveraineté et du pouvoir de l’Etat, et un appauvrissement du peuple et un contournement de sa volonté. Aussi, ce discours prétend-il œuvrer pour ré-exprimer totalement la voix authentique du peuple.
Le slogan magique « le peuple veut », levé par certaines foules, était pour quelques-uns, le témoignage prouvant que ces masses qui manifestaien, parlaient au nom de ce même peuple, connaissaient ses intentions et défendaient bel et bien ses intérêts. La rue restant encore un « bazar politique » exposant, réellement ou de façon illusoire, ce que le peuple veut et désire. Ni les innovations démocratiques ni la société civile n’ont réussi à contenir ce déferlement. Ces pratiques : sit-in, manifestations, coordinations, réseaux sociaux, paraissent nous rappellent, malgré la preuve de leur efficacité dans de nombreux cas, qu’elles restent des formes de la démocratie directe, dont rêvent et ambitionnent certains populismes actuels.
Le discours populiste répandu chez un grand nombre des élites politiques, comporte une critique franche et acerbe à l’encontre de la faible performance des institutions souveraines et des élites au pouvoir. En outre, il exprime le faible degré de confiance en les institutions démocratiques[5] , considérant que les élites n’ont pas tenu leurs « promesses révolutionnaires » brandies lors des campagnes électorales. Le discours populiste a pu, dans plusieurs cas, se mettre e tête des mouvements de protestation en confisquant le leadership médiatique, et en réussissant à dresser une partie du large public contre les élites dirigeantes, et en érigeant une opinion publique en sa faveur.
Le discours populiste arabe s’est nourri de la crise des institutions démocratiques élues et de son mauvais fonctionnement, ainsi que de la faiblesse des acquis sociaux et économiques promis par les forces de changement. Aussi, en a-t-il profité de l’échec de la transition démocratique dans plusieurs cas et a durci le ton de ses attaques contre elle. L’on se pose la question à propos des facteurs et contextes, à l’échelle nationale (de chaque pays) et à l’échelle arabe, qui ont permis l’apparition de discours et de son expansion et de ses caractéristiques ? Quel est son contenu – si contenu il y a- ? Quels sont ses capacités de mobilisation ? Quels sont ses réussites potentielles et les indicateurs de son échec ? Est-il effectivement un discours manipulateur ou bien a-t-il une logique qui lui est propre dans sa critique de la situation politique et économique ? Comment a-t-il profité de la croissance des disparités sociales et de l’exacerbation des inégalités ? Enfin si ce discours populiste représente véritablement un catalyseur et un moteur de changement social ?
Membres du Comité scientifique
Mounir Kchaou : Professeur des universités, chercheur en philosophie sociale à Doha Institute for Graduate Studies.
Mounir Saïdani : Professeur des universités et chercheur en sociologie à l’Institut supérieur des sciences humaines, Tunis.
Mehdi Mabrouk : Professeur des universités, chercheur en sociologie à la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis. Directeur du CAREP, Tunis.
Bouhnia Goui : Professeur à l’Université d’Ouargla, Algérie.
Mohammed Limam : Enseignant/chercheur en sciences politiques à l’Université de Jendouba, Tunisie.
Mohammed Faouber : Enseignant / Chercheur en sociologie, coordinateur d’une Unité de recherche au laboratoire du développement social à l’Université de Fez.
Mohammed Rahmouni : Maître de conférences en civilisation arabe à l’Université de Tunis
Aymen Boughanmi : Maître assistant en civilisation britannique et américaine à l’Université de Kairouan. Tunis.
Chaker El-Houki : Maître assistant en droit et sciences politiques à la faculté de droit et des sciences politiques Université El – Manar, Tunis.
Asma Nouira : Enseignant / chercheur en sciences politiques à la faculté de droit et des sciences politiques à Tunis.
Ahmed Idali : Enseignant / chercheur en sciences politiques à l’Université Ibn Tufayl, Kénitra, Maroc.
Mehrez Drissi : Chercheur en psychologie de l’éducation, expert en information scolaire et universitaire.
Adel Ayari : Maître assistant, Enseignant / chercheur en sociologie, à l’Université de Tunis. (Rapporteur du Comité scientifique).
Dates importantes
- Date du colloque : 20- 21- 22 mai 2021
- Date limite d’envoi des résumés des soumissions: 28 février 2021
- Date des résultats de l’évaluation et de l’acceptation : 14 Mars 2021
- Date limite de réception de la contribution finale (Full Paper) : 18 avril 2021
Conditions de participation
- Remplir le formulaire d’inscription disponible sur le site http://carep.tn
- Les résumées : Le candidat doit mentionner l’axe choisi ; le texte doit comprendre de 500 et 700 mots, y compris le titre, la problématique, la méthode choisie, les idées principales, les mots clefs (cinq au minimum) et une bibliographie succincte. En respectant intégralement les conditions méthodologiques scientifiques, (les notes de bas de page, la liste des sources et bibliographie… Pour plus d’information, voir http://dohainstitute.org ou http://carep.tn)
- Le papier final (Full Paper) : entre 5000 et 7000 mots
- Le texte final ainsi que le résumé : En langue arabe, en Sakkal Majalla 14 ; pour les autres langues il doit être en Times New Roman 12, et interligne de 1.5
- Langue utilisées au colloque : Arabe, Français, Anglais
- Originalité de la contribution : Le chercheur s’engage à proposer un article original n’ayant jamais participé à aucune manifestation scientifique auparavant.
Adresse de correspondance : les contributions proposées doivent être envoyées à l’adresse e-mail : a.scientifique@carep.tn
- Publication : Les travaux du présent colloque seront ultérieurement publiés en langue arabe. Les participants en seront informés
- Le Centre se charge de traduire les textes en langue étrangère vers la langue arabe
- Le centre couvre les frais de déplacement et de séjour. Aucune rétribution ne sera payée contre une contribution faite au colloque. Le Centre détient les droits de propriété intellectuelle de toute recherche acceptée
- Pour toute question : email : scientifiques@carep.tn – Tel : (00216) 70147384