Argumentaire

De la mosquée légendaire de Buzancy aux grandes mosquées modernes en France, en passant par celles plus modestes présentes dans les ports, les cimetières, les champs de bataille ou encore la Grande Mosquée de Paris, sans oublier les salles de prière installées dans les usines dès les Trente Glorieuses, les fonctions des mosquées ont évolué de manière significative dans l’histoire de France. À chaque époque, et en fonction des contextes locaux, nationaux et internationaux, le rôle des mosquées s’est adapté pour répondre aux besoins des fidèles et aux attentes de la société française.

Les mosquées en France incarnent à la fois un héritage spirituel précieux et un enjeu contemporain complexe. Elles portent en elles des attentes fortes de la part des fidèles musulmans, qui les envisagent souvent comme un lien avec l’idéal de l’âge d’or prophétique. Mais elles sont également le centre d’attentes spécifiques de la société française, héritière de relations historiques avec la religion chrétienne et habituée à un modèle d’organisation religieuse avec un clergé structuré et visible.

Ces lieux de culte jouent ainsi un double rôle : ils sont des espaces où se confrontent des idées et sensibilités diverses au sein de l’islam, tout en servant de lieux de synthèse pour des pratiques cultuelles issues des différentes écoles de jurisprudence. Ils cherchent en permanence à trouver un équilibre entre les attentes des croyants et celles du monde politico-médiatique, souvent marqué par une forte médiatisation des enjeux liés à l’islam. En outre, les mosquées en France sont parfois le reflet de relations diplomatiques entre l’État français et certains pays musulmans comme le Maroc, l’Algérie, ou la Turquie, qui y exercent parfois une influence.

Face à ces multiples défis, la question des mosquées en France mérite une attention particulière. Dans ce cadre, le CAREP et l’IREMAM inaugurent un cycle de conférences intitulé “Les mosquées en France : évolutions des fonctions et des enjeux”. Ce programme s’attachera à explorer de nombreuses dimensions : l’histoire des mosquées en France, la vie intellectuelle qui s’y développe, la transmission des savoirs théologiques et profanes, les relations politiques avec les États, la place de groupes minoritaires souvent marginalisés, ainsi que la figure centrale de l’imam.

Le cycle comportera quatre tables rondes de décembre à avril, avec une journée d’études prévue en mai pour clôturer le programme. En présentiel et en ligne, ces conférences accueilleront des universitaires, des intellectuels, des dignitaires religieux et des acteurs associatifs. En donnant la parole à ces experts et acteurs de terrain, l’objectif est de fournir des analyses approfondies et des retours d’expérience concrets pour inspirer une réflexion plus large et informée sur ces questions.

Ouvert à tous – chercheurs, acteurs associatifs, étudiants, dignitaires religieux, membres de l’administration, et toute personne intéressée – ce cycle s’inscrit dans l’axe de recherche “État, société et religion”. Fruit d’un partenariat entre le CAREP et l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (IREMAM, CNRS/Aix-Marseille Université), il témoigne d’une volonté de mieux comprendre les dynamiques complexes qui traversent les mosquées en France et d’éclairer les évolutions de leurs fonctions et de leurs enjeux.