Centre Arabe de Recherches et d’Études Politiques de Paris

31/10/2025

Vies et circulations des rebuts dans l’espace méditerranéen : pratiques, injustices environnementales et alternatives

Journée d’étude internationale à l'Académie du Climat
Comité d’organisation :
  • Emmanuelle Durand, anthropologue (IRIS-EHESS), post-doctorante, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CNAM
  • Bénédicte Florin, Géographe, UMR CITERES, Université de Tours, Équipe Monde arabe et Méditerranée, Institut Universitaire de France
  • Katharina Grüneisl, post-doctorante, University of Nottingham, IRMC
  • Isabel Ruck, responsable de la recherche et de la coordination scientifique au CAREP Paris
Informations pratiques

Date : lundi 15 décembre 2025

Horaire : de 9h00 à 18h30

En présentiel : à l’Académie du climat, 2 place Baudoyer, 75004 Paris

À distance : en s’inscrivant sur « visioconférence » ci-dessous :

Argumentaire

La politisation des « crises des déchets » dans différentes villes méditerranéennes – du Caire (2003) à Beyrouth (2015), en passant par Sfax (2021) et Tripoli (2022) – souligne combien la mauvaise gestion des ordures, combinée à l’importation (il)licite de matières détritiques, sont devenues des symboles éminents de corruption et de défaillance des États et de leurs institutions (Abu-Rish, 2015 ; Bouhlel, Furniss, 2023). Ces moments de troubles socio-politiques (délégations de service brutales et imposées, grèves de la collecte, mobilisations des récupérateurs, etc.) rendent temporairement visibles les rebuts dans l’espace (politique) public, mais aussi les diverses économies de récupération, de réparation et de réemploi dont ils forment la matière première.

La gestion des rebuts reste ainsi un défi majeur dans un contexte urbain méditerranéen caractérisé par la croissance démographique, l’urbanisation accélérée et les transformations rapides des modes de production et de consommation. Dans nombre de ces villes, la gestion des ordures reste inégalement répartie en fonction de la composition sociale des quartiers, faisant ainsi des déchets un révélateur d’inégalités sociales et spatiales, historiquement ancrées. Dans ces contextes urbains, les résidus sont pris en charge par une diversité d’acteurs, dont des populations précaires, souvent marginalisées, voire stigmatisées (Cirelli, Florin, 2015 ; Durand, 2022) et parfois criminalisées (Balci, 2022).

Loin de disparaître, les restes se reconfigurent : d’objets de rebut, ils deviennent, notamment dans des économies troublées, voire de crise, des ressources et matériaux valorisables, donnant lieu à de nouveaux usages, métiers et imaginaires (Jaglin, Debout, Salenson, 2018). Ce changement de statut s’inscrit dans un mouvement global, bien qu’inégal, de promotion de l’économie dite « circulaire », dont il convient de questionner les fondements politiques, les implications environnementales, ainsi que les effets d’exclusion socio-spatiale.

S’inscrivant dans une démarche interdisciplinaire et une perspective critique de l’économie circulaire, cette journée d’étude invite à explorer et interroger les vies et circulations des rebuts dans l’espace méditerranéen à partir de trois axes de réflexion : les pratiques et gestes mis en œuvre (1), les circulations transnationales et injustices environnementales (2) ainsi que les alternatives possibles (3).

Ces panels s’articuleront à des temps d’échanges avec des acteurs de terrain, investis dans des activités citoyennes, des pratiques associatives ou des collectifs militants.

Panel 1.  Pratiques et gestes de la prise en charge des rebuts

Le vocabulaire utilisé pour désigner les déchets – nifayât, zebāla, hachak – reflète leur charge symbolique et morale dans les sociétés contemporaines, où la saleté est socialement taboue. La manipulation du rebut a souvent pour effet de marginaliser celles et ceux qui y sont associés, les réduisant à des « déchets sociaux » (Lhuilier, 2005).

Des chiffonniers (zabbâlîn) du Caire aux barbechas tunisiens, des mikhala marocains aux toplayıcılar d’Istanbul, les pratiques de récupération et de revalorisation des rebuts se sont transformées en profondeur. Longtemps stigmatisés, ces acteurs sont aujourd’hui intégrés, parfois partiellement, à des systèmes de recyclage plus larges (coopératives à Rabat et Meknès, micro-entreprises à Tunis, licences pour les chiffonniers du Caire), sans pour autant bénéficier d’une pleine reconnaissance ou de droits sociaux. Le développement du secteur protéiforme dit « informel », qui concerne par exemple plus de 8 000 personnes en Tunisie (Vidano, 2018) ou près de 80 000 au Caire, s’explique à la fois par la précarité socio-économique et par la valeur croissante du déchet-ressource. Ces dernières génèrent des concurrences accrues autour de la ressource et l’émergence de nouveaux acteurs, plus ou moins institutionnalisés – tels les structures de l’économie sociale et solidaire, la multiplication des Fab Lab, recycleries, ressourceries et autres friperies « chics », etc., au nord comme au sud de la Méditerranée.

Si la médiatisation des pratiques de recyclage a favorisé une certaine légitimation et acceptation sociale de ces dernières, elle permet aussi aux États d’en tirer profit – financièrement et symboliquement – sans pour autant être toujours régulée.

Les conflits sociaux autour des déchets – grèves de collecte des zabbâlîn en 2003 (Dollet, 2003) et 2010 (Debout, Florin, 2011), crise des ordures et mouvement You stink au Liban (Farah, 2018 ; Verdeil, Farah, 2021) – montrent que les déchets peuvent devenir objets de mobilisation politique.

À partir d’enquêtes qualitatives, ce premier panel restituera les pratiques, gestes et savoir-faire d’acteurs souvent peu considérés par le politique.

Panel 2. Circulations, crises et injustices environnementales

Les économies locales des rebuts s’insèrent dans des logiques transnationales et géopolitiques, comme l’ont illustré les crises liées aux déchets toxiques à Beyrouth (Haddad, 2018) ou aux déchets italiens en Tunisie en 2021. Les circulations internationales des résidus, notamment textiles, électroniques (Davies, Garb, 2019 ; Leblond, Garb, 2023) et automobiles (Tastevin, 2020 ; Cavé, Tastevin, 2024), (Grüneisl, 2021 ; Durand, 2022), mais encore les enjeux liés aux décombres de guerre ou aux séismes (Gaza, Liban, Turquie, Syrie) invitent à penser le déchet comme un fait social total, à la croisée des questions socio-économiques, politiques, environnementales dans un monde globalisé.

Ce second panel s’attachera à interroger les dynamiques d’éloignement des rebuts et d’externalisation de leur gestion des Nords vers les Suds en rendant compte des injustices sociales et environnementales qui pèsent sur les personnes qui les prennent en charge. Il s’agit ici de la double peine affectant les espaces de tri, de recyclage et de décharge impactés par toutes sortes de pollutions, mais aussi les corps abîmés par la dangerosité de celles-ci. Dans ce contexte, la gouvernance des risques (Boudia, Jas, 2019) devient une grille d’analyse essentielle pour comprendre comment les risques environnementaux et sanitaires sont construits, gérés et contestés, révélant ainsi les asymétries de pouvoir.

Dans cette perspective, les pollutions industrielles et les nuisances et dégâts environnementaux générés par aussi bien par des mégaprojets que par des pratiques de recyclage quasi-institutionnalisées mais toxiques interrogent les rapports de pouvoir entre, d’une part, les acteurs politiques et économiques et, d’autre part, les mobilisations citoyennes et militantes dans des contextes marqués par l’autoritarisme étatique.

Panel 3. Alternatives et perspectives critiques de l’économie circulaire des déchets

Le recyclage, la réparation et le réemploi, pratiques pourtant séculaires et d’une grande diversité, se trouvent aujourd’hui au cœur d’une tension complexe. Tantôt intégrées aux systèmes formels, tantôt menacées ou instrumentalisées, ces pratiques invitent à questionner la notion d’économie dite « circulaire », qui constituera le thème central du troisième panel de cette journée d’étude.

Le modèle d’économie circulaire a été activement promu dans le cadre des politiques de développement international. Présenté comme « crucial pour renforcer la résilience et promouvoir le développement durable », ce modèle a été largement diffusé par les pays du Nord, qui arguent que les pays considérés comme « moins développés » de la région méditerranéenne font face à d’importants défis environnementaux et socio-économiques, exacerbés par le modèle économique linéaire dominant (UNESCWA, 2024).

Cependant, la notion de circularité, notamment dans le contexte de l’économie des déchets, est loin de faire l’objet d’un consensus sur ses vertus intrinsèques. Elle doit ainsi être interrogée comme une construction politique et idéologique à part entière, à l’image des critiques formulées à l’encontre du développement durable (Latouche, 2003 ; Rist, 2007 ; Villalba, 2009 ; Flipo, 2023). Érigée en quasi-dogme et portée par les discours des acteurs politiques et économiques dominants, quelle est la signification réelle de cette économie circulaire de part et d’autre de la Méditerranée ? Comment s’articule-t-elle avec les réalités d’une gestion néolibérale souvent synonyme d’extractivisme, de convoitise et d’accaparement des ressources, excluant fréquemment les acteurs locaux ?

Au-delà des promesses, il est crucial d’examiner ce qui échappe souvent au cadre de l’économie circulaire : les externalités négatives intrinsèquement liées aux déchets, ainsi que l’externalisation croissante de ces derniers, des pays du Nord vers ceux du Sud, et désormais, de plus en plus, entre pays du Sud. Par ailleurs, la rhétorique de l’économie circulaire peut aisément masquer des logiques de greenwashing ou d’instrumentalisation politique, particulièrement lorsque les États privilégient certaines formes de recyclage tout en marginalisant, voire en criminalisant, des pratiques informelles pourtant essentielles.

Bibliographie sélective

  • BLOT Denis, DOMINGO Lucie, DORMOY Camille, LE MEEC Delphine et WIART Lucie, Fabriquer l’économie circulaire. Monographie d’un projet transmanche. Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. Capitalismes – éthique – institutions, 2024, 228 p.
  • BOUDIA Soraya et JAS Nathalie, Gouverner un monde toxique. Versailles, Quae, coll. Sciences en question, 2019, 121 p.
  • CAVE Jérémie, DE PIN Alizée et TASTEVIN Yann-Philippe, La civilisation du déchet. Paris, Éditions des Arènes, 2024, 152 p.
  • CIRELLI Claudia et FLORIN Bénédicte (dir.), Sociétés urbaines et déchets. Éclairages internationaux. Tours, Presses universitaires de Tours, 2015, 452 p.
  • DURAND Emmanuelle, GRÜNEISL Katharina et FLORIN Bénédicte (dir.), « Récupération, réparation et réemploi des rebuts dans les villes des mondes arabes et méditerranéens. Pratiques, circulations et mobilisations ». Les Cahiers d’EMAM, Université de Tours, n°37, novembre 2025.
  • MONSAINGEON Baptiste Homo detritus, critique de la société du déchet. Paris, Éditions du Seuil, coll. Anthropocène, 2017, 279
  • ORTAR Nathalie et ANSTETT Elisabeth (dir.), Jeux de pouvoir dans nos poubelles. Économies morales et politiques du recyclage au tournant du XXIe siècle. Paris, Éditions Pétra, coll. Matière à recycler, 2017, 224 p. 

Programme

09h00-09h15 Accueil des participants avec café et viennoiseries
09h15-09h30 Mot de bienvenue
09h30-10h00 Introduction à la journée

par Emmanuelle Durand (EHESS, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CNAM), Bénédicte Florin (Université de Tours/CITERES-EMAM) et Katharina Grüneisl (University of Nottingham/IRMC)

10h00-11h30 PANEL 1 : Trajets, pratiques et gestes de la prise en charge des rebuts

Modération : Éric Verdeil, Sciences Po / CERI

  • Joëlle Abou Issa, Université de Nantes : Les remblais littoraux au Liban : entre dérèglements, gestion des crises des déchets et flux de matières extraites
  • Solène Tixadou, Le Mans Université : Aux marges de l’économie urbaine à Barcelone, entre chatarreros informels et mouvement maker dans le quartier de Poblenou
  • Irem Nihan Balci, ENS Lyon/ Laboratoire Triangle : Premier maillon d’une chaîne mondialisée : les récupérateurs de déchets à Istanbul face aux injustices sociales et environnementales
11h30-11h50 Parole d’acteur : Romani Badir, Cairo Garbage Collectors Association Modération : Bénédicte Florin, Université de Tours/CITERES-EMAM
11h50-12h30 Balade-vernissage de l’exposition Réinventer le déchet. Gens, gestes et lieux

Rue de Rivoli / Caserne Napoléon – Hôtel de Ville de Paris (en extérieur, sous réserve de la météo)

12h30-13h30 Pause déjeuner
13h30-14h00 Parole d’acteur : Samuel Le Cœur, AMELIOR

Modération : Emmanuelle Durand, EHESS, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CNAM

14h00-15h30 PANEL 2 : Circulations transnationales, gouvernances et injustices environnementales

Modération :  Soraya Boudia, CNRS/Université Paris Cité/ CERMES3

  • Diane Robert, IRD : Le paradigme de l’économie circulaire à l’épreuve des conflits locaux du phosphogypse à Gabès (Tunisie)
  • Marguerite Teulade, CEMS-EHESS / IEDES – Paris 1 : À l’ombre des mégaprojets : vivre avec les débris et déchets de construction dans les villages de la mer Noire d’Istanbul
  • Simone di Cecco, École française de Rome ; Maha Bouhlel, Université de Sfax/Syfacte et Hanen Chebbi, Université de Sfax/Ecumus : Politiques de la crise : regards croisés Italie-Tunisie sur la gestion des déchets urbains
  • Nelly Leblond, CNRS/ Université de Pau : Économie circulaire, déchets électroniques, capture de valeur et rejet des nuisances : réflexions depuis un pôle israélien/palestinien
15h30-16h00 Pause-café
16h00-16h30 Parole d’acteur : Omar Itani, FabricAid Liban/Jordanie (en anglais)

Modération : Katharina Grüneisl, University of Nottingham/IRMC

16h30-17h30 PANEL 3 : Alternatives et perspectives critiques de l’économie circulaire

Modération : Denis Blot, Université de Picardie – Jules Verne, Habiter-le-Monde

  • Manisha Anantharaman, CNRS/ SciencesPo : Accumulation par inclusion : les travailleurs informels du secteur des déchets et le mythe du “gagnant-gagnant” de l’économie circulaire (en anglais)
  • Mustapha Azaitraoui, Université Sultan Moulay Slimane (Maroc) : De la marge à l’intégration : économie circulaire, rebuts et inclusion sociale à Rabat
17h30-18h00 Parole d’acteur : Jalel Bouslah, Tounes Clean Up

Modération : Isabel Ruck, CAREP Paris

18h00-18h30 Conclusion de la journée

par Baptiste Monsaingeon, CNRS – LISIS / Université de Reims Champagne Ardenne

Biographies des intervenants

ABOU ISSA, Joëlle

Joëlle Abou Issa est docteure en géographie et en sciences de l’architecture et du paysage, diplômée de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de l’Université libanaise. Elle est actuellement ATER à l’Université de Nantes, rattachée à l’UMR 6590 Espaces et Sociétés (ESO), et chercheuse associée à l’UMR 8504 Géographie-Cités. Ses recherches portent sur les remblais côtiers au Liban — réalisés, contrariés ou restés à l’état de projet — dans un contexte de crise chronique. Elle s’intéresse plus largement aux modes d’expansion urbaine à travers la circulation des déchets et des matériaux de construction, ainsi qu’aux logiques politico-économiques qui organisent ces flux.

ANANTHARAMAN, Manisha

Manisha Anantharaman est professeure assistante de sociologie au Centre de sociologie des organisations (CNRS/Sciences Po). Elle travaille à l’intersection de la sociologie économique et culturelle, de l’écologie politique et de la gouvernance environnementale, en utilisant des méthodes ethnographiques pour étudier comment les transitions écologiques sont façonnées par les inégalités, l’identité et les institutions. Ses recherches portent sur la durabilité urbaine, la numérisation, la consommation et les espaces publics verts, et sont publiées dans Urban Studies, Journal of Consumer Culture et Social and Cultural Geography. Elle est l’autrice de Recycling Class (MIT Press, 2024) et coéditrice de The Circular Economy and the Global South (Routledge, 2019).

AZAITRAOUI, Mustapha

Mustapha Azaitraoui est géographe et professeur à la Faculté polydisciplinaire de Khouribga (Université Sultan Moulay Slimane). Il est membre du laboratoire Dynamique des paysages, risques et patrimoine à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Béni Mellal.
Ses travaux portent sur la gouvernance des déchets urbains, les mobilités et les migrations, avec une approche qui articule dynamiques territoriales et enjeux sociaux. Fort d’enquêtes de terrain menées au Maghreb et en Europe, il a coordonné plusieurs projets de coopération et de recherche consacrés aux grandes problématiques contemporaines : migration, genre, développement local, extractivisme, environnement et formes d’exclusion sociale.

BADIR, Romani

Égyptien anglophone et francophone, Romani Badir, fils et petit-fils de chiffonnier, est aujourd’hui recycleur de plastique au Muqattam, le plus grand quartier de recyclage du Caire. Héritier d’un savoir-faire familial, il perpétue et transforme ce métier au cœur de l’économie circulaire informelle de la capitale égyptienne. Parallèlement, il s’investit dans des activités associatives et caritatives, contribuant à la vie sociale et solidaire de sa communauté.

BALCI, Irem Nihan

Irem Nihan Balci est docteure en sociologie et chercheuse associée au laboratoire Triangle. Elle a soutenu en 2022, à l’ENS de Lyon, une thèse consacrée aux conditions de vie et de travail des collecteurs informels de déchets à Istanbul, ainsi qu’aux clivages ethniques et aux stratifications internes du secteur du recyclage. Ses recherches explorent les articulations entre inégalités sociales, économie informelle et politiques urbaines. Elle a codirigé l’ouvrage Biologisation(s). Les usages sociaux de l’argument biologique en santé (ENS Éditions, 2023) avec Laurine Thizy, Justine Vincent et Sinem Günes.

BLOT, Denis

Denis Blot est maître de conférences en sociologie à l’Université de Picardie – Jules Verne, membre de l’équipe de recherche Habiter-le-Monde. Il consacre ses travaux aux déchets sauvages dans une perspective de compréhension des relations entre les humains et leur environnement. Il est par ailleurs membre fondateur du Réseau national des collecteurs de déchets sauvages (REDESA).

BOUHLEL, Maha

Chercheuse au laboratoire SYFACTE (Université de Sfax, Tunisie), Maha Bouhlel-Abid est titulaire d’un doctorat en sciences géographiques (Urbanisation et inégalités environnementales dans la ville de Sfax/Tunisie). Elle a bénéficié d’une bourse du programme postdoctoral de courte durée en sciences humaines du Conseil arabe des sciences humaines et de la Fondation Maison des sciences de l’homme de Paris (FMSH), au CERI et à Sciences Po Paris, sur le thème « Gestion des déchets et décentralisation dans le monde arabe ». Elle est membre de l’APSA. Elle est spécialisée dans les politiques urbaines, les politiques de gestion des services publics et le développement durable des villes.

BOUDIA, Soraya

Soraya Boudia est historienne et sociologue des sciences et de l’environnement, professeure de sociologie à l’Université Paris Cité, en détachement au CNRS, membre du Centre de recherche Médecine, Sciences, Santé, Santé mentale, Société (CERMES3) – UMR 8211 (INSERM-CNRS-EHESS-Université Paris Cité). Ses travaux portent sur les relations entre sciences, politiques et sociétés, avec une attention particulière au gouvernement des risques environnementaux globaux (pollutions chimiques, radiations nucléaires, changement climatique). Elle codirige le programme national de recherche (PEPR) Risques. Ses travaux ont été distingués par la médaille d’argent du CNRS en 2024.

BOUSLAH, Jalel

Jalel Bouslah est consultant juridique tunisien, spécialisé en droit, et engagé de longue date dans la protection de l’environnement. Formé en France, il met ses compétences juridiques au service d’initiatives citoyennes et associatives. Il est cofondateur de Tounes Clean Up (2018), association dédiée au nettoyage et à la sensibilisation face aux catastrophes naturelles, ainsi que de Soligreen (2019), mouvement de reboisement œuvrant pour la régénération des forêts tunisiennes. Depuis 2021, il est également membre actif de Tunisie Recyclage, contribuant à la promotion de l’économie circulaire. Son parcours témoigne d’une volonté de conjuguer expertise juridique, action citoyenne et engagement environnemental afin de promouvoir un développement durable en Tunisie.

CHEBBI, Hanen

Après avoir soutenu une thèse de doctorat en sociologie sur la question de l’innovation dans le secteur public, Hanen Chebbi a orienté ses recherches vers l’environnement et la gestion des déchets en Tunisie. Ses travaux visent à comprendre la question de la gestion des déchets « par le bas », en se concentrant sur le travail informel de récupération effectué par des acteurs marginaux comme les récupérateurs appelés, dans le dialecte tunisien, barbécha (glaneurs), et les éboueurs municipaux, où la récupération est formellement interdite. Elle a été postdoctorante à l’Institut Pasteur de Tunis, où elle a travaillé sur la question de la santé et de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur le comportement vaccinal des Tunisiens, dans le cadre du projet « Alliance SHS Afrique », en partenariat avec l’Institut Pasteur de Madagascar et l’Institut Pasteur de Paris. Elle enseigne actuellement à l’Université de Sfax, au département de sociologie.

DI CECCO, Simone

Simone Di Cecco est spécialiste des études sur les migrations. Il a travaillé sur les métamorphoses du travail migrant et du racisme dans l’Italie contemporaine. Ses recherches se sont concentrées sur les formes de travail non rémunéré effectuées par les demandeurs·ses d’asile dans plusieurs villes du nord de l’Italie, notamment dans le domaine du nettoyage urbain. Dans ce contexte, il s’est également intéressé aux méthodes de confinement et d’exploitation utilisées par le monde humanitaire au sein du système d’accueil italien. Il mène actuellement des recherches sur les relations d’exploitation au travail dans le secteur de la gestion des ordures ménagères à Bologne et Naples. Il utilise une approche ethnographique dans plusieurs lieux de travail afin d’analyser les liens entre les politiques de propreté urbaine, les mesures de ce que l’on appelle la transition écologique et les conditions de travail et d’emploi (notamment les processus de sous-traitance) dans le secteur.

DURAND, Emmanuelle

Emmanuelle Durand est anthropologue (EHESS) et chercheuse postdoctorante (Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CNAM). Partant des objets-déchets (textiles usagés, rebuts de chantier), ses recherches portent sur les matérialités politiques, les filières marchandes et les infrastructures logistiques, afin d’en explorer les pratiques économiques globalisées. En mobilisant différents outils (documentaire filmique/sonore et cartographie textile), ses travaux articulent démarche ethnographique et geste artistique. Emmanuelle enseigne, par ailleurs, à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles.

FLORIN, Bénédicte

Bénédicte Florin est géographe à l’Université de Tours et chercheuse au sein de l’EMAM (Équipe Monde arabe et Méditerranée, UMR CITERES). Ses travaux portent sur les récupérateurs de déchets et les systèmes de gestion des déchets en Égypte, au Maroc et en Turquie, ainsi que sur les ferrailleurs de la région parisienne. Elle coordonne, avec Stéphanie Latte-Abdallah, l’ANR IMAGIN-E, Alter citoyens au Moyen-Orient : inventer les résistances en temps de violence, et participe à l’ANR Vers une société du recyclage – France 2030 Recyclage. Elle est lauréate d’une chaire en médiation scientifique de l’Institut universitaire de France pour la période 2025-2030.

GRÜNEISL, Katharina

Katharina Grüneisl est géographe et ethnographe. Actuellement chercheuse postdoctorale à l’Université de Nottingham (Royaume-Uni), elle a obtenu son doctorat en géographie humaine à l’Université de Durham (Royaume-Uni) en 2021. Elle a depuis occupé des postes de recherche postdoctorale à l’Université de Leipzig (Allemagne) et à l’EHESS Paris (France). Elle est également chercheuse affiliée à l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) à Tunis.

ITANI, Omar

Omar Itani est le directeur général de FabricAID, une entreprise sociale qui s’attache à établir une chaîne de valeur socialement et écologiquement responsable pour l’industrie du vêtement. Le parcours entrepreneurial d’Omar a débuté au lycée, où il a créé avec des amis une entreprise étudiante de gestion des déchets. Il a remporté de nombreux prix et distinctions, dont le Global Social Venture Competition (GSVC), le Prix Denis Pietton de l’Institut français et le titre de Jeune Champion de la Terre des Nations Unies. En sept ans, Omar Itani a transformé FabricAID, d’une simple idée, en une entreprise à part entière qui compte aujourd’hui plus de 100 employés et réalise un chiffre d’affaires de plusieurs millions.

LEBLOND, Nelly

Nelly Leblond est géographe, spécialiste des transformations spatiales et des enjeux socio-environnementaux liés aux déchets. Après une thèse portant sur les transformations des espaces ruraux dans le nord du Mozambique, à la croisée de la political ecology et des études africaines (2017), elle a participé à des projets internationaux sur les déchets électriques et électroniques en Israël/Palestine (2018-2024) et sur les injustices liées à l’assainissement dans les villes africaines (2020-2023). Depuis novembre 2024, elle dirige la chaire CNRS « Transitions & Résidus », basée à l’UMR TREE (Université de Pau/CNRS), qui développe des questionnements et méthodologies de recherche coconstruits avec les acteurs directement concernés par les résidus, qu’il s’agisse de travailleurs ou d’habitants.

LE CŒUR, Samuel

Samuel Le Cœur est cofondateur de l’association AMELIOR (Association des Marchés d’Économie Locale Indépendante et Organisée du Réemploi), créée en août 2012 avec Martine Huser et Boris Laroche, et aujourd’hui présidée par Bruno Lainé. AMELIOR se compose d’une dizaine de salariés, d’une centaine de bénévoles et de plusieurs milliers d’adhérents. Ensemble, ils œuvrent pour la bonne organisation et la gestion des marchés, la collecte d’objets auprès des entreprises et des particuliers, la gestion de la ressourcerie, de la recyclerie et de la boutique de Noisy-le-Sec, ainsi que le conseil et l’accompagnement des partenaires et institutions. L’association se charge également de la récupération des invendus lors des vide-greniers, contribuant ainsi à une démarche durable et solidaire.

MONSAINGEON, Baptiste

Baptiste Monsaingeon est sociologue et maître de conférences à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, actuellement en détachement au LISIS (CNRS). Ses recherches portent sur les relations des sociétés contemporaines à leurs déchets, avec un intérêt particulier pour les trajectoires des plastiques et leurs impacts sur les modes de vie modernes. En 2024, il a été distingué par la médaille de bronze du CNRS, récompensant ses contributions à la sociologie environnementale et aux études sur les déchets.

ROBERT, Diane

Diane Robert est docteure en géographie (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), postdoctorante au Centre Jacques-Berque de Rabat et chercheuse associée au laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces (UMR 7533 LADYSS). Ses recherches portent sur les relations entre industries et territoires, en particulier sur les mobilisations sociales et la production de l’espace face aux nuisances industrielles. Sa thèse a analysé ces dynamiques dans le contexte de la Tunisie post-2011. Ses articles ont été publiés dans Justice spatiale / Spatial Justice (JSSJ) (2021), Confluences Méditerranée (2024) et Universitas (2025). Son projet postdoctoral explore actuellement les recompositions de la filière marocaine des phosphates, à l’intersection de l’écologisation des pratiques industrielles et de l’intégration régionale.

RUCK, Isabel

Isabel Ruck est politologue, spécialisée dans les questions liées au Moyen-Orient. Elle est actuellement responsable de la recherche et de la coordination scientifique au CAREP Paris, où elle anime l’axe de recherche « Écologie politique », et chargée d’enseignement à Sciences Po Paris depuis 2012. Entre 2018 et 2019, elle a été chargée de projet pour Forccast, un programme d’excellence en pédagogie innovante soutenu par le ministère français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Elle a auparavant exercé comme cheffe de projet dans un cabinet de conseil à Bruxelles, auprès de la Commission européenne.

TEULADE, Marguerite

Marguerite Teulade est doctorante au Centre d’études des mouvements sociaux (CEMS) à l’EHESS (Paris) et assistante temporaire d’enseignement et de recherche à l’Institut d’études du développement (IEDES, Paris 1). Elle est également chercheuse associée à l’Institut français d’études anatoliennes (IFEA, Istanbul). Sous la direction de Sezin Topçu et Daniel Cefaï, sa thèse porte sur les mobilisations et controverses autour de la construction du nouvel aéroport d’Istanbul. Ses recherches explorent les mobilisations écologistes et ouvrières, les conditions de travail dans le secteur de la construction (sous-traitance, migrations, santé et sécurité, accidents du travail) et les dynamiques d’urbanisation du nord de la ville.

TIXADOU, Solène

Solène Tixadou est doctorante en aménagement du territoire et urbanisme à l’Université du Mans, au sein de l’UMR 6590 Espaces et Sociétés (ESO). Ses recherches portent sur la ville productive et le lien entre territoires urbains, acteurs publics et petite fabrication urbaine, notamment dans le cas des tiers-lieux productifs et du travail des déchets. Ses travaux articulent géographie économique, écologie territoriale et approches des Science and Technology Studies. Ce faisant, elle interroge la façon dont des initiatives alternatives s’emparent des enjeux de transition écologique et sociotechnique des villes et mettent en place des économies circulaires.

VERDEIL, Éric

Éric Verdeil est spécialiste de géographie urbaine. Agrégé de géographie (1994), il est diplômé en urbanisme (1995) et docteur en géographie (2002). Il est professeur de géographie et d’études urbaines à Sciences Po et chercheur au Centre de recherches internationales (CERI – Sciences Po/CNRS). Auparavant, il a été chercheur au CNRS de 2003 à 2016, au Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (LATTS) à l’Université Paris-Est – École des Ponts et Chaussées et, de 2003 à 2015, à Environnement Ville Société (Université de Lyon). Plus tôt encore, il a travaillé à l’Institut français du Proche-Orient, avec lequel il maintient des collaborations. Ses centres d’intérêt incluent la sociologie et l’histoire de l’urbanisme, ainsi que les transformations actuelles des politiques de gestion urbaines, notamment les services urbains (eau, électricité, déchets), autour des enjeux d’écologie politique urbaine et de métabolisme. Il a récemment dirigé, avec Sylvy Jaglin, le programme de recherche Hybridelec.