19/07/2024

Destruction du patrimoine et urbicide à Gaza

Visuel Journée d'étude patrimoine Gaza
 Journée d’étude : Destruction du patrimoine et urbicide à Gaza – Vidéo 1
 Journée d’étude : Destruction du patrimoine et urbicide à Gaza – Vidéo 2

Journée d’étude dans le cadre des travaux de l’axe de recherche « Études sur la Palestine », conçue par Leila Seurat, CAREP Paris.

  • Date : jeudi 12 septembre 2024
  • Horaire : de 10h30 à 18h30
  • Langues : français (3 interventions en anglais)
  • En présentiel : CAREP Paris : 12, rue Raymond Aron 75013 Paris
  • À distance : en s’inscrivant sur zoom via le bouton « s’inscrire à la visioconférence »

Argumentaire

Conçue comme un passage vers l’Égypte il y a 3 000 ans avant J.-C., Gaza est souvent considérée comme un carrefour des civilisations. Cette bande de terre longue de 40 km possède en effet un héritage archéologique et historique unique : Gaza abrite les vestiges de l’une des plus anciennes villes du Proche-Orient, une capitale cananéenne de l’époque hyksos (vers 1 600 av. J.-C.), un centre de la pentapole philistine, une garnison égyptienne ramesside avec son cimetière de mercenaires (1 200 av. J.-C.), un port phénicien, l’un des plus grands monastères byzantins de la région Umm el-‘Amr-Nuseirat (monastère d’Hilarion), ainsi qu’une vieille ville mamelouke et ottomane (XIIIe-XIXe siècles).

Si plusieurs facteurs, notamment liés aux turpitudes de la politique palestinienne, ont pu peser sur la préservation de ce patrimoine extraordinaire, les agressions militaires israéliennes répétées contre Gaza depuis 2008-2009 ont causé des dommages parfois irréversibles. Après le 7 octobre, les bombardements délibérés contre le patrimoine ont de nouveau posé avec acuité la question du génocide culturel, que l’Afrique du Sud a inclus dans son dossier auprès de la Cour internationale de Justice. À partir d’images satellitaires, l’UNESCO a recensé des destructions sur une centaine de sites, dont le palais al-Bacha, le musée sur l’ancienne cité grecque d’Anthedon, la mosquée al-Omari et l’église de Jabaliya el-Mukheitim, qui, avec le monastère de Saint Hilarion, représentent les principaux vestiges de la bande de Gaza datant de l’époque byzantine. Des vidéos montrant des soldats dans l’entrepôt de l’École biblique et archéologique française (Ebaf) ont également confirmé des pratiques de pillage en cours depuis des décennies, nombre d’objets venus des Territoires Palestiniens Occupés ayant depuis longtemps été localisés dans plusieurs musées en Israël.

À l’instar des hôpitaux et des écoles, Israël mobilise l’argument de terrorisme pour justifier ses attaques contre ces sites, présentés comme des caches d’armes du Hamas. Ces destructions et pillages s’inscrivent pourtant bien dans des pratiques d’effacement des Palestiniens et de leur histoire, en cours depuis 1948. On sait en effet à quel point l’élimination physique des Palestiniens s’est accompagnée d’une dépossession matérielle et d’un remodelage du paysage afin d’éliminer tout ce qui, dans l’espace, exprimait la relation palestinienne à la terre. Le patrimoine et la culture sont donc loin d’être déconnectés de la vie sociale du groupe ; ils sont, pour reprendre les mots de René Elter, « des éléments forts de la structuration des individus et de leur épanouissement ; des lieux d’appropriation, d’histoire, de culture, de tolérance et de transmission ». Ces tables rondes se proposent donc, grâce aux travaux et témoignages des plus éminents chercheurs et spécialistes du patrimoine de Gaza, de rappeler la richesse et la diversité de cet héritage culturel, en soulignant l’importance de préserver 5 000 ans d’histoire et de mémoire.

Programme 

10h30 | Accueil des participants
10H45-11h00 Fabrice Virgili : Mot d’ouverture et présentation du groupe de travail Gazahistoire
11h00 -11H30 | Rana Anani : The Struggle to Document Cultural Heritage Destruction (sur zoom en anglais)
11H30-13h 30 |  SESSION 1 : Repères historiques et fouilles
    • Catherine Saliou : Patrimoine et histoire : Gaza dans l’Antiquité tardive
    • René Elter : Terrains archéologiques et monastère de Saint-Hilarion
    • Jean-Baptiste Humbert : Menaces passées et présentes sur le patrimoine
13h30-15h00 | Déjeuner
15h00- 17h00 | SESSION 2 : La conservation des collections de Gaza
    • Jawdat Khoudary : Les collections archéologiques (en anglais)
    • Marc André Haldimann : L’expérience du Musée archéologique de Gaza
17h00-17h30 | Pause Café
17h30-18h30 | Clôture par Hamdan Taha : À propos de la destruction du patrimoine culturel gazaoui (en anglais)
Rana Anani

Rana Anani est conservatrice, écrivaine et chercheuse en arts visuels et culture. Ses articles sont publiés dans plusieurs forums en Palestine et dans la région. Elle a été chef de la communication du Musée Palestinien, gestionnaire de projet pour Qalandiya International 2018, coordinatrice du Pavillon Palestinien au Festival de Cannes, et conservatrice associée du projet hors site de la Biennale de Sharjah 13 « Shifting Grounds » à Ramallah. Actuellement, elle est rédactrice du site web de l’Institut des Études Palestiniennes, Ramallah/Beirut.

René Elter 

René Elter est archéologue à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem et chercheur associé à l’Université de Lorraine (EA 1132 HISCANT-MA).
René Elter a mené la mission de restauration du site de Umm El-Amer à Gaza, et travaille depuis 2001, à sa protection et sa valorisation avec le soutien notamment du Consulat Général de France à Jérusalem. 
En outre, il organise des programmes de formation archéologique en partenariat avec l’Université islamique de Gaza afin de former des ouvriers et des étudiants palestiniens en archéologie ou dans le domaine du patrimoine.

Marc-André Haldimann

Archéologue au Service archéologique de l’État de Genève et à l’Office des recherches archéologiques de l’État du Valais, il a depuis dirigé 17 fouilles archéologiques en Suisse. Nommé conservateur en chef du Musée d’art et d’histoire de Genève (2003), il obtient son doctorat à l’Université de Lausanne en 2004.
Chercheur associé à l’Université de Berne depuis 2012, il est devenu expert fédéral en archéologie méditerranéenne (2012), mandataire de la Ville de Genève pour le Musée archéologique de Gaza (2012-2016), expert de l’UNESCO pour la Syrie (2014) et expert auprès de l’Observatoire international de l’ICOM pour la surveillance du trafic illicite des biens culturels (2014-2019). Auteur de nombreux articles et ouvrages, il travaille actuellement pour l’État de Genève et la Confédération suisse.

Jean-Baptiste Humbert 

Jean-Baptiste Humbert est archéologue. Religieux dominicain (depuis 1965 ; ordonné prêtre en 1972). Il est membre de l’EBAF – École biblique et archéologique française de Jérusalem (depuis 1973) et occupe la fonction de directeur du Laboratoire d’archéologie de l’École (en 2010).
Il a participé à de nombreuses missions archéologiques sur des sites du Moyen-Orient (Israël, Jordanie, Iran). Professeur d’archéologie à l’École biblique de Jérusalem, il dirigea notamment les fouilles de Tell Keisan(1979-1980) après y avoir travaillé comme chargé de topographie et codirecteur, a fouillé à Suse (1975-1977), dirige les fouilles de Khirbet es-Samra (Jordanie) (1978-1993), codirige les fouilles de la citadelle d’Amman et dirige depuis 1995 la Mission archéologique franco-palestinienne de Gaza1.

Jawdat Khoudary

Collectionneur privé et homme d’affaires, dans le domaine de la construction et du bâtiment, qui s’est engagé à préserver le patrimoine archéologique de sa terre natale. Bâtisseur et généreux, il a créé le musée, qui a ouvert en août 2008 jouxtant le site de l’ancienne cité grecque de Blakhiya-Anthédon, à Gaza City et qui a été complètement détruit depuis.

Catherine Saliou 

Catherine Saliou, ancienne élève de l’École normale supérieure,  a été membre de l’institut français du Proche-Orient (1992-1995), puis  a enseigné à l’Université de Caen (1995-1998), et à l’Université de Poitiers (1998-2007)  avant d’être élue à l’Université Paris 8, où depuis 2007, elle est professeure d’histoire romaine. Depuis 2013, elle est aussi directrice d’études à l’École pratique des hautes études, où elle anime le séminaire « Histoire urbaine de l’Orient romain tardif ». Elle a publié divers articles et contributions à des ouvrages collectifs concernant l’épigraphie et l’histoire de Gaza et dirigé l’ouvrage collectif Gaza dans l’Antiquité tardive :  archéologie, rhétorique et histoire, paru en 2005. Elle est aussi l’auteur d’un ouvrage de synthèse sur Le Proche-Orient de Pompée à Muhammad, paru en 2020.

 

Hamdan Taha

Chercheur indépendant, ancien vice-président des affaires académiques et doyen des études supérieures à l’Université Al-Istiqlal (2019-2020), ancien ministre adjoint du Tourisme et des Antiquités (2012-2014) et assistant du ministre adjoint du patrimoine (2004-2012), il a servi entre 1994-2004 en tant que directeur général du nouveau Département des Antiquités en Palestine. Il a dirigé une série de fouilles et de projets de restauration et a co-dirigé les expéditions conjointes à Tell es-Sultan, Khirbet Bal’ama, Tell el-Mafjar, Kh. El-Mafjar et Tell Balata. Il a également travaillé en tant que coordinateur national du Programme du patrimoine mondial en Palestine. Il est l’auteur de nombreux livres, rapports de terrain et articles scientifiques.

Fabrice Virgili

Fabrice Virgili est directeur de recherche au CNRS (Directeur adjoint de l’UMR Sorbonne-IRICE). Il travaille depuis plusieurs années sur le genre et les guerres mondiales et notamment les violences sexuelles. Membre du comité de rédaction de la revue CLIO  Femmes, Genre, Histoire et Vice-président de l’association Mnémosyne pour le développement de l’histoire des femmes et du genre, il est responsable de l’axe Genre & Europe du Laboratoire d’Excellence Écrire une Histoire Nouvelle de l’Europe. Il est membre du comité éditorial des Publications de la Sorbonne, du conseil scientifique de l’Institut du genre. 

 Il a notamment publié aux éditions Payot : La garçonne et l’assassin. Histoire de Louise et de Paul, déserteur travesti, dans le Paris des années folles (2011) ; Sexes, genre et guerres, France 1914-1945 (2010) ; Naître ennemi. Les enfants nés de couples franco-allemands pendant la Seconde Guerre mondiale (2009) ; et La France « virile » des femmes tondues à la Libération (2000). 

L’événement se tiendra en présentiel dans les locaux du CAREP Paris situés au : 12 rue Raymond Aron, 75013, Paris.

Pour la suivre à distance, veuillez vous inscrire ci-dessous :