Le 6 octobre 2024, le président Kaïs Saïed a été réélu avec plus de 90 % des suffrages, malgré une faible participation. Initialement élu en 2019 avec des prérogatives limitées, cet ancien professeur de droit constitutionnel a marqué un tournant décisif le 25 juillet 2021 en orchestrant un coup d’État, consolidant ainsi un régime hyperprésidentiel. Soutenu par une large frange de la population tunisienne et une partie des élites, Saïed a progressivement verrouillé le système politique en remettant en cause les principaux acquis de la révolution de 2010-2011. Il a instauré des lois restrictives qui limitent les libertés fondamentales, soumis la justice à son autorité et réprimé ses opposants les plus influents. Son projet politique vise à redéfinir les rapports de production et à affaiblir les corps intermédiaires, renforçant ainsi un État centralisé et omnipotent.
Dans une analyse approfondie de la gouvernance de Kaïs Saïed sous ses dimensions théoriques, politiques et socioéconomiques, Hatem Nafti examine également les positions des principaux partenaires internationaux de la Tunisie – notamment l’Italie, la France, l’Union européenne et les pays arabes – qui privilégient la stabilité au détriment de la défense des droits humains.