Les déclarations du président des États-Unis, Donald Trump, sur son intention de déporter plus de deux millions de Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte et la Jordanie ont suscité de vives critiques et des condamnations palestiniennes, arabes et internationales. Il a également évoqué l’acquisition et le contrôle du territoire par le biais d’une « propriété à long terme » afin de le développer urbanistiquement et de le transformer en « riviera du Moyen-Orient[1] ». Des propos qui ont été fermement rejetés par l’Égypte et la Jordanie.
Pour sa première réunion avec un dirigeant étranger depuis son entrée en fonction le 20 janvier 2025, Donald Trump a invité Benyamin Netanyahou à la Maison-Blanche, le 4 février 2025. C’est à cette occasion qu’il a fait ces déclarations sur le déplacement des habitants de la bande de Gaza, lesquelles ont été favorablement accueillies par le Premier ministre israélien.
Évolution de la proposition
Israël cherche depuis des décennies à vider la bande de Gaza de ses habitants, une volonté qui s’est intensifiée après le début le 7 octobre 2023. Des responsables israéliens ont alors évoqué une « purification ethnique » dans l’enclave. Pourtant, Washington, par la voix de l’ancien président Joe Biden, s’est officiellement opposé à tout transfert forcé.
L’émergence de l’idée de « nettoyer » la bande de Gaza de ses habitants remonte aux premières déclarations de Jared Kushner, gendre du président Donald Trump, et responsable de la politique américaine au Moyen-Orient pendant son premier mandat, de 2017 à 2021. Le 15 février 2024, lors d’une interview à l’université d’Harvard, il affirmait : « La zone côtière de Gaza pourrait avoir une grande valeur ». Il n’hésita pas à appeler ouvertement au transfert des Palestiniens de la bande de Gaza vers le désert du Néguev et l’Égypte, afin de « nettoyer » la région.
Bien qu’il ait soutenu qu’Israël n’avait jamais explicitement déclaré « ne pas vouloir laisser les gens revenir [dans la bande] après cela », il ajouta aussitôt : « Je ne suis pas sûr qu’il reste grand-chose de Gaza à ce stade. » Cependant, ce qui s’avéra particulièrement préoccupant dans les déclarations de Kushner – qui exerçait une influence considérable sur Trump – fut l’affirmation selon laquelle Gaza n’avait jamais été historiquement habitée, car « c’était le résultat d’une guerre […], il y avait des tribus à différents endroits, puis Gaza est devenue quelque chose[2] ». En octobre 2024, alors qu’il était candidat à l’élection présidentielle, Donald Trump déclara lors d’une interview radiophonique que la bande de Gaza pourrait être « l’un des meilleurs endroits au monde, mais les Palestiniens ont échoué à “exploiter” sa position côtière sur la mer Méditerranée », ajoutant qu’elle « pourrait être meilleure que Monaco » grâce à sa « position plus avantageuse » au Moyen-Orient[3].
Il revint sur cette proposition peu après son élection, décrivant la bande de Gaza comme « un endroit fantastique en bord de mer avec un climat magnifique […] et où l’on pourrait réaliser de très belles choses », ajoutant qu’il « pourrait » être disposé à aider à sa reconstruction[4]. Cependant, le premier signe clair de son soutien au transfert des Palestiniens hors de la bande de Gaza est apparu le 25 janvier 2025, lorsqu’il affirma avoir discuté avec le roi Abdallah II de Jordanie de la possibilité de transférer plus d’« un million et demi de Palestiniens », temporairement ou à long terme, en Jordanie et en Égypte, jusqu’à ce que « cet endroit soit complètement nettoyé ».
Le président formula la même demande lors d’un entretien avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. Malgré le refus catégorique des deux dirigeants, il continua d’affirmer qu’ils finiraient par accepter. Ce qui est intéressant dans cette dynamique, c’est que Trump, son gendre, Jared Kushner, ainsi que son envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steven Witkoff – tous trois issus du secteur du développement immobilier et des affaires – considèrent la bande de Gaza comme une « opération immobilière » dans laquelle ils entendent investir non pas pour une communauté donnée (à savoir les Palestiniens), mais pour d’autres clients – ses habitants n’étant destinés ni à y revenir ni à y résider, puisqu’ils seront transférés ailleurs.
Réels plans ou simples idées ?
Il semble que Trump ait surpris de nombreux hauts responsables de son administration avec ces déclarations sur son intention d’acquérir et de développer la bande de Gaza[5], en particulier celles faites lors de la conférence de presse avec Netanyahou, où il affirmait que son administration « ferait tout le nécessaire » pour contrôler et développer la région[6].
Seul un nombre restreint de ses collaborateurs, dont le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz et son adjoint, étaient au courant de ce que Trump comptait proposer lors de sa rencontre avec Netanyahou[7]. Les versions divergent quant à ce que savait la partie israélienne : selon une source, Waltz et son adjoint auraient discuté avec Netanyahou de l’idée d’une possible acquisition de Gaza par les États-Unis la veille de la rencontre avec Trump[8], tandis que d’autres sources affirment que le Premier ministre israélien en aurait entendu parler pour la première fois directement de la bouche de Trump, juste avant que la proposition ne soit annoncée publiquement[9].
Bien que le président américain, lors de la conférence de presse avec Netanyahou, ait lu un document concernant sa proposition – ce qui suggère qu’il s’agissait d’une annonce réfléchie et non d’une position impulsive –, certains responsables de la Maison-Blanche ont déclaré que la proposition n’avait pas été discutée au sein des cercles de l’administration compétents pour les questions relatives au Moyen-Orient, ni que sa faisabilité et sa mise en œuvre avaient été examinées. Selon certaines sources journalistiques, les ministères des Affaires étrangères et de la Défense n’avaient pas été informés à l’avance pour être en mesure fournir des évaluations ou d’établir des comités de travail sur la proposition, et le département de la Défense n’avait présenté aucune estimation quant au nombre de troupes américaines nécessaires pour le contrôle de la bande de Gaza, ni sur la manière dont cela pourrait être réalisé ou sur les coûts associés[10].
Il en ressort que cette idée a émergé de discussions entre Trump et un nombre restreint de ses conseillers, contrairement à ce qui se produit habituellement dans l’élaboration de politiques d’importance majeure aux États-Unis. Par conséquent, on pourrait la qualifier davantage de série d’idées que de plan cohérent et structuré.
Une confirmation supplémentaire des éléments rapportés réside dans le désordre qui a traversé l’administration Trump à la suite des déclarations du président lors de sa rencontre avec Netanyahou, les responsables américains ayant tenté d’en atténuer la portée, notamment en raison de leur violation manifeste du droit international et de l’absence d’une base juridique américaine claire autorisant Trump à entreprendre une telle action.
Le 5 février, Caroline Levitt, porte-parole de la Maison-Blanche, a déclaré que Trump n’avait pas l’intention d’envoyer des forces américaines dans la bande de Gaza[11]. Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a affirmé que le gouvernement américain était « très loin » d’envisager une intervention dans la bande de Gaza[12], malgré la réaffirmation par Trump de la volonté de son administration de « faire ce qui est nécessaire » pour y parvenir.
Levitt a également souligné que le départ des Palestiniens de la bande de Gaza serait « temporaire », alors même que Trump en avait clairement affirmé le caractère permanent, précisant que les États-Unis ne fourniraient pas de fonds pour la reconstruction.
Le secrétaire d’État, Marco Rubio, qui, selon certaines sources, n’avait pas été informé en détail de la proposition avant son annonce mais l’avait néanmoins soutenue, a tenté d’atténuer l’impact des déclarations de Trump en affirmant qu’il ne s’agissait pas d’un « geste hostile », mais plutôt d’un plan « très généreux » de la part des États-Unis, visant à contribuer à la reconstruction de la bande de Gaza. Il a ajouté que « de nombreuses zones de Gaza, même si les habitants y revenaient, ne disposeraient d’aucun endroit sûr où vivre en raison de la présence de munitions non explosées, de débris et de gravats[13] ».
Cependant, le 6 février dernier, Trump a donné un nouvel indice du manque de vision claire sur cette question au sein de son administration, en réaffirmant qu’Israël céderait la bande de Gaza aux États-Unis « à la fin des combats […] et après la réinstallation des Palestiniens dans des communautés plus sûres et plus belles[14] », sans préciser ce qu’il entendait par cette déclaration. Il n’a pas clarifié s’il envisageait de permettre à Israël de reprendre son offensive contre la bande de Gaza et d’en expulser les habitants par la force militaire, ou plutôt d’entraver l’entrée de l’aide humanitaire et des matériaux nécessaires à la reconstruction.
Les allusions de Trump contrastent avec sa propre revendication d’avoir obtenu un cessez-le-feu dans la bande de Gaza la veille de son investiture présidentielle. Moins de vingt-quatre heures après sa dernière déclaration, il a réitéré que « les États-Unis considéreront la question [du contrôle de Gaza] comme une affaire immobilière […] mais il n’y a pas lieu de se précipiter pour faire quoi que ce soit[15] ».
Face aux critiques croissantes selon lesquelles son approche s’apparente davantage à celle d’un promoteur immobilier qu’à celle d’un président des États-Unis[16], son ancien conseiller à la sécurité nationale, Bolton, a tenté de justifier la proposition en affirmant que « personne n’a de solution réaliste [pour Gaza], et le président propose quelques idées nouvelles et très audacieuses […] je pense que cela incitera l’ensemble de la région à trouver ses propres solutions, si celles du président Trump ne sont pas appréciées[17] ».
Ces critiques ne proviennent pas seulement d’acteurs arabes et internationaux, ni exclusivement du parti démocrate, mais aussi des républicains eux-mêmes, qui y voient un renoncement de Trump à son principe directeur en politique étrangère, « America First ». Ces détracteurs relèvent que ses ambitions de contrôle sur l’une des zones les plus instables au monde sont en contradiction avec ses propres accusations contre ses prédécesseurs concernant leur engagement dans des guerres sans fin, ainsi qu’avec ses critiques à l’égard de la tentative de George W. Bush de reconstruire l’Irak après l’invasion de 2003.
Au sein du parti républicain, ses opposants soulignent que son intention de prendre le contrôle de la bande de Gaza et de la reconstruire – une entreprise qui nécessiterait des dizaines de milliards de dollars – est en totale contradiction avec son engagement à fermer l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), qu’il accuse de dépenser chaque année des milliards de dollars en aide étrangère sans résultats tangibles.
Les répercussions de la proposition
L’insistance de Trump sur son plan de déportation de la population de la bande de Gaza aura des conséquences majeures, d’autant plus que la possibilité que son administration reconnaisse l’annexion par Israël de vastes portions de la Cisjordanie[18] est également évoquée.
Certains milieux à Washington craignent que la simple formulation de cette proposition n’entraîne une escalade de la violence dans la région[19], compromettant l’accord sur le cessez-le-feu et l’échange de prisonniers entre la résistance palestinienne et Israël, notamment à un moment où Netanyahou cherche, par tous les moyens possibles, à éviter la mise en œuvre des phases « deux » et « trois » de l’accord négocié par le Qatar, l’Égypte et les États-Unis.
En effet, plusieurs déclarations émanant de ministres israéliens de droite ont exprimé leur soutien à l’idée de Trump d’une « purification ethnique » de la bande de Gaza. Parmi elles figure celle du ministre israélien de la Défense, Israël Katz, qui, le 6 février dernier, a ordonné à l’armée de préparer un plan visant à permettre la sortie volontaire de la population de Gaza[20].
Bien que Netanyahou ait qualifié la proposition de Trump d’« idée extraordinaire qui mérite d’être étudiée, suivie et mise en œuvre […] car elle créerait un avenir différent pour tous, réorganiserait le Moyen-Orient et apporterait la paix[21] », il n’est pas certain qu’Israël souhaite réellement céder aux États-Unis le contrôle de Gaza et renoncer à ce qu’il considère comme son droit.
Il est plus probable qu’Israël cherche à exploiter la capacité de Trump à exercer des pressions sur les pays arabes pour les amener à accepter l’idée du transfert de la population de Gaza et à contribuer à sa reconstruction avec un soutien international, tout en s’assurant par la suite le contrôle du territoire par le biais d’accords avec Washington – peut-être en obtenant des garanties pour les entreprises de Trump et de ses alliés.
Il ne fait aucun doute que Netanyahou est sorti satisfait de son entretien avec Trump, ne serait-ce que pour avoir évité la pression que le président américain aurait pu exercer sur lui afin qu’il s’engage à respecter l’accord de cessez-le-feu, dont Netanyahou lui-même revendique le mérite.
Certains analystes à Washington mettent en garde contre le fait que l’insistance de Trump sur cette proposition pourrait compromettre ses efforts d’élargissement du cercle des accords d’Abraham, d’autant plus que l’Arabie saoudite a exprimé son rejet de toute tentative de déportation des Palestiniens de la bande de Gaza, réaffirmant qu’elle ne normalisera pas ses relations avec Israël sans garanties pour la création d’un État palestinien – exigence que Netanyahou refuse catégoriquement.
Ces observateurs estiment que l’idée d’une occupation américaine de Gaza renverse la position officielle des États-Unis – qui soutiennent depuis des décennies la solution à deux États – et qu’elle pourrait amener Washington à reformuler le conflit « israélo-palestinien » d’une manière que les présidents précédents, depuis Harry Truman, ont cherché à éviter. En outre, les pressions exercées par Trump sur la Jordanie et sur l’Égypte pourraient provoquer des tensions dans ces deux pays, pourtant alliés historiques des États-Unis.
Conclusion
Certains conseillers de Trump estiment que sa proposition de contrôle américain sur la bande de Gaza est une idée « fantaisiste » qui finira par s’estomper avec le temps, une fois qu’il prendra conscience de son inapplicabilité[22]. Cependant, cela dépendra essentiellement du degré de résistance que cette proposition rencontrera de la part des Palestiniens, du monde arabe et de la communauté internationale.
Les opinions et les propositions politiques de Trump ne sont pas inéluctables, à condition qu’il existe une position officielle palestinienne et arabe qui ne se limite pas à un simple rejet, mais présente un plan concret visant à stabiliser le peuple palestinien sur sa terre, dans la bande de Gaza, en garantissant sa reconstruction et en soutenant sa résilience sur le territoire.
La réponse au projet provocateur et dangereux de Trump devrait commencer par la levée du blocus sur la bande de Gaza par les pays arabes, via l’Égypte, en fournissant aide humanitaire, secours et logements temporaires à la population, sans coordination ni attente de l’autorisation de ceux qui perpètrent un génocide et planifient leur déplacement.
Le deuxième étape devrait consister à encourager les Palestiniens à reconstruire l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et à établir une agence affiliée à l’Autorité palestinienne pour la gestion de la bande de Gaza, ainsi qu’à créer un organisme arabe ou arabo-islamique chargé d’élaborer les plans de reconstruction, d’allouer les budgets nécessaires à leur réalisation et, en même temps, d’encourager les Palestiniens à engager des actions en justice pour obtenir des compensations contre Israël, en les soutenant dans ce processus.
Un tel plan, et lui seul, serait capable de marginaliser les ambitions de Trump et de Netanyahou, mettant fin à leur manipulation du destin des peuples de cette région.
Notes :
[1] Will Weissert, Michelle L. Price et Zeke Miller, « Trump Talks Gaza Takeover and other Takeaways from his Appearance with Netanyahu », Associated Press, 5 févr. 2025. URL : https://acr.ps/1L9zQz4
[2] Patrick Wintour, « Jared Kushner Says Gaza’s Waterfront Property Could be Very Valuable », The Guardian, 19 mars 2024. URL : https://acr.ps/1L9zQww
[3] Rebecca Falconer et Sareen Habeshian, « Trump says Gaza “could be better than Monaco” once it’s rebuilt », Axios, 8 oct. 2024. URL : https://acr.ps/1L9zQSV
[4] Kevin Liptak, Alayna Treene et Jeff Zeleny, « How Trump Arrived at his Stunning Idea to “Take over” the Gaza Strip », CNN, 5 févr. 2025. URL : https://acr.ps/1L9zQlq
[5] Ibid.
[6] W. Weissert, M. L. Price et Z. Miller, « Trump Talks Gaza Takeover and other Takeaways from his Appearance with Netanyahu », art. cité.
[7] K. Liptak, A. Treene et J. Zeleny, « How Trump Arrived at his Stunning Idea to “Take over” the Gaza Strip », art. cité.
[8] Ibid.
[9] Jonathan Swan et Maggie Haberman, « Inside Trump’s Hastily Written Proposal to “Own” Gaza », The New York Times, 5 févr. 2025. URL : https://acr.ps/1L9zR1C
[10] Ibid.
[11] Alex Gangitano, « Trump Says Gaza will be Given to US by Israel », The Hill, 7 févr. 2025. URL : https://acr.ps/1L9zQGR
[12] Ibid.
[13] Ewan Palmer, « Donald Trump Is Already in Reverse », Newsweek, 7 févr. 2025. URL : https://acr.ps/1L9zQqH
[14] Francesca Chambers et Zac Anderson, « Donald Trump Revives “Tough” Approach to Iran, Warns Against Nuclear Weapon », USA Today, 4 févr. 2025. URL : https://acr.ps/1L9zQA1
[15] Barak Ravid, « Trump Calls Gaza Takeover a “Real Estate” Deal but Says there is “no Rush” », Axios, 7 févr. 2025. URL : https://acr.ps/1L9zQvs
[16] K. Liptak, A. Treene et J. Zeleny, « How Trump Arrived at his Stunning Idea to “Take over” the Gaza Strip », art. cité.
[17] J. Swan et M. Haberman, « Inside Trump’s Hastily Written Proposal to “Own” Gaza », art. cité.
[18] « Trump : US will Announce Position on West Bank Annexation over Next Four Weeks », The Jerusalem Post, 5 févr. 2025. URL : https://acr.ps/1L9zQFU
[19] J. Swan et M. Haberman, « Inside Trump’s Hastily Written Proposal to “Own” Gaza », art. cité.
[20] « Israeli Military to Prepare “Voluntary Departure” Plan for Gazans, Echoing Trump Proposal », The Washington Post, 6 févr. 2025. URL : https://acr.ps/1L9zR6c
[21] Jeff Mason et al., « Trump Aides Defend Gaza Takeover Proposal but Walk Back some Elements », Reuters, 5 févr. 2025. URL : https://acr.ps/1L9zQzF
[22] J. Swan et M. Haberman, « Inside Trump’s Hastily Written Proposal to “Own” Gaza », art. cité.