Par Julien Théron
La Russie apparaît régulièrement comme la grande gagnante du conflit en Syrie. Des opérations militaires aériennes à la police militaire tchétchène en passant par ses forces spéciales, Moscou semble être devenu le maître du pays. Héros stratégique du régime syrien après avoir habilement écarté les soutiens de la révolution puis annihilé toute forme d’alternative démocratique, héraut diplomatique de Damas après avoir sapé les négociations de Genève et monté son propre cénacle de négociation, la Russie paraît être le parangon de toute stabilisation. Et lorsque l’on parle de reconstruction, elle se positionne dans tous les esprits comme en étant la future grande bénéficiaire.
Au-delà de ces images activement promues par la propagande russe et souvent véhiculée avec simplisme par les médias et les think tanks, la réalité de son aventure syrienne est à relativiser : à quoi correspond exactement cette « victoire » autoproclamée ? Moscou peut-elle se targuer d’être réellement la grande gagnante de ce conflit face aux réalités politiques et démographiques du terrain, du maintien militaire occidental dans l’Est, de la présence des forces turques au Nord, de sa rivalité avec l’Iran, de ses limitations d’investissements, de la propagation du djihadisme en Asie centrale ?
Soupeser les gains russes et évaluer les nombreuses difficultés qui conditionnent et limitent les achèvements du Kremlin suppose avant tout de s’interroger sur la notion de « victoire », alors même que les war studies peinent à redéfinir cet objet en ce début de XXIe siècle[1].
Comment définir la notion de « victoire » au XXIe siècle ?
Si l’on s’en remet à une évaluation de la victoire par rapport aux résultats, la Russie peut se prévaloir d’un certain nombre d’arguments démontrant qu’elle a peut-être gagné la guerre, relativement au moins aux standards d’imbrication des conflits dans l’histoire moderne du Moyen-Orient – les victoires militaires, même dans la région, ont toutefois pu être plus exclusives et plus nettes.
Mais de nombreux facteurs compliquent la détermination d’un vainqueur à l’issue d’une guerre. Le chercheur américain William C. Martel, théoricien de la stratégie militaire, de la Fletcher School of Law and Diplomacy, considérait que « malgré tous les travaux réalisés sur les théories et les stratégies de guerre, le concept de victoire n’est pas un terme limpide dans les langages de la stratégie, de la diplomatie, de la sécurité, et de la guerre »[2] : s’il « est utilisé habituellement pour définir un résultat généralement fructueux, les résultats de toutes les guerres ne se valent pas »[3].
Julien Théron
Chercheur
Analyste du Moyen-Orient, Julien Théron a travaillé pour des institutions nationales, européennes et internationales, pour des think tanks, ainsi qu’auprès de personnalités et mouvements politiques français et moyen-orientaux. Diplômé en sciences, économie, sciences politiques et docteur en philosophie politique, il a enseigné aux universités Saint Joseph de Beyrouth, Versailles-Saint Quentin, Paris Nanterre, Paris 2 Panthéon-Assas et, depuis 2017, à Sciences Po Paris.
Afin d’établir des critères à l’aune desquels évaluer la réussite d’une action militaire, le théoricien [4], plaidait pour le développement d’une « préthéorie » de la victoire, qui permette d’éclairer les citoyens et de guider le processus de décision politique des gouvernants d’États démocratiques, ne serait-ce que pour nourrir la décision d’entrer en guerre ou non. Or, dans le cas de la Russie, la concentration du pouvoir entre les mains du Kremlin une telle possibilité et sa nature autoritaire écartent la nécessité d’une telle préthéorie, puisque la narration officielle correspond nécessairement à une exaltation du pouvoir, et passe donc nécessairement par le « succès » de l’intervention militaire russe en Syrie.
La notion de « niveaux de victoire », développée par Martel qui correspond moins à des degrés d’intensité ou de complétude de la victoire, qu’à des paramètres de nature différente dans l’accomplissement de celle-ci, en allant de : « la victoire la plus simple, tactique », à la « victoire politico-militaire », jusqu’à celle, plus complète, de « grande stratégie »[5], à savoir une victoire qui s’inscrirait dans un dessein géostratégique global et historique, est ici utile.
C’est peut-être au niveau dit « de grande stratégie » que le Kremlin a le mieux réussi, surtout en 2013 (deal sur les armes chimiques du régime) et 2015 (intervention militaire), même si son attitude et ses actions de belligérance dans le pays ont également révélé plus clairement encore qu’ils ne l’étaient la nature, les intentions et les alignements stratégiques de Moscou, notamment auprès des Occidentaux. Au niveau tactique, la victoire russe est effective au regard de la défaite militaire complète de l’Armée syrienne libre (ASL), mais incomplète sur les groupes djihadistes, auxquels ont pris part des ressortissants du Caucase russe, et qui ont essaimé en Asie centrale, aux portes de la Russie. Au niveau du politico-militaire, la victoire est assez nette dans sa globalité, mais le détail démontre une forte dépopulation du pays, un effondrement du système baasiste pré-2011, et le passage du contrôle du territoire aux mains de nombreuses milices sous contrôle ou influence de l’Iran.
Mais plutôt que dans cette détermination classique des trois niveaux de Martel, à savoir du militaire opératif à l’objectivisation politique, puis du politique à l’inscription historique du phénomène n’est-ce pas plutôt dans la transformation de la guerre elle-même qu’il faut chercher la détermination possible une victoire ou d’une défaite ?
Thomas Schelling expliquait ainsi, déjà en 1966, que « la stratégie militaire ne peut plus être pensée, comme cela l’a été dans certains pays à certaines époques, comme la science de la victoire militaire. C’est désormais au moins autant, si ce n’est plus, l’art de la coercition, de l’intimidation et de la dissuasion. Les instruments de la guerre sont plus punitifs qu’acquisitifs. La stratégie militaire, que cela nous plaise ou non, est devenue la diplomatie de la violence »[6]. Avec Schelling, on peut donc conclure que la stratégie russe en Syrie n’avait pas pour objectif global la défaite militaire des oppositions militaires au régime syrien, mais que celle-ci a été un des éléments – un élément toutefois essentiel – à la stratégie de Moscou, bien plus complète et complexe.
Les notions de « guerre » et de « fin de la guerre » elles-mêmes sont à relativiser. La « conflictualisation » de la guerre, à savoir l’intervention d’éléments non strictement militaires dans la guerre et l’intégration d’antagonismes violents dans les sociétés qui ne connaissent pas nécessairement de « guerre » au sens conventionnel du terme, complexifie par ailleurs la notion même de « victoire ». Au même titre que l’intégration de nouveaux outils de confrontation, la multiplication de canaux de rivalité, l’accélération des évolutions stratégiques, ou encore la transformation des pratiques militaires. Le Kremlin, qui en a pleinement conscience, s’est employé, en Syrie, à s’y adapter, par un usage de la force répressive à grande ampleur mais avec des moyens limités et un hyper-activisme diplomatique servi par une propagande infatigable.
Évolutions doctrinale et stratégie syrienne de la Russie : émergence de la « stratégie des actions limitées »
L’adaptation de la stratégie russe à un terrain complexe correspond parfaitement à ce qui est appelé la « doctrine Gerasimov », à savoir les éléments de réflexion apportés sur ce qu’est la guerre aujourd’hui par Valery Gerasimov, Chef d’état-major général des Forces armées de la Fédération de Russie, d’abord dans un article de 2013 publié par le journal de défense russe VPK[7], puis au travers de sa rectification de 2019, dans lequel il conceptualise une nouvelle « stratégie des actions limitées »[8].
Dans la première de ces deux communications, Valery Gerasimov a repensé ce qu’est la guerre aujourd’hui, prenant d’abord acte des évolutions opératives de la guerre : prééminence de l’aérien et impact global de l’action militaire dans le Golfe en 1991, conséquences de l’intervention en Irak en 2003 et des révolutions arabes commencées en 2011, évolution des règles, des méthodes (déstabilisation politique, insurrection, terrorisme, piraterie) et des objectifs de la guerre, incluant de manière croissante des éléments non militaires. Il a ensuite indiqué les nécessaires évolutions militaires pour la Fédération de Russie, prenant pour point d’appui historique l’adaptation progressive de l’intervention de l’Union soviétique en Afghanistan (célérité, usage des parachutistes, encerclement) ou celle de la Russie en Géorgie, développant les moyens modernes de combat (drones, robots), et intégrant la nécessité d’intégrer la sphère informationnelle et technologique dans l’accomplissement des objectifs stratégiques russes.
Dans la seconde communication, Valery Gerasimov se fait plus incisif à l’encontre des Occidentaux. Il reprend une des inquiétudes du Kremlin, à savoir les révolutions de couleur, en considérant que les notions de « global strike » ou de « multi-sphere battle », intégrées au pool stratégique américain, menacent les intérêts de la Fédération de Russie qui se voit obligée de conceptualiser une « défense active »[9]. Alors que le président Poutine a appelé en 2018 à redéfinir la doctrine stratégique russe, le général russe démontre dans sa nouvelle mouture un antagonisme et une virulence marqués à l’encontre des Occidentaux, définis comme « agresseurs » et « ennemis potentiels »[10].
Or, ce qui fait évoluer les deux communications est sans aucun doute, précisément, l’intervention de la Russie en Syrie, expérience formellement mentionnée comme exemple à succès opérationnel et stratégique : capacité d’intervention militaire, command and control, groupements tactiques autonomes, rôle des forces aériennes, ou encore supériorité de l’information[11].
Ayant acté en 2013 de l’intégration actuelle d’outils non militaires (médias, diplomatie, etc.) dans la stratégie militaire, il tire dans son travail de redéfinition doctrinal de 2019 les leçons des éléments militaires ayant mis la Russie en position de force. Ce faisant, le général russe ne fait donc rien de moins que de conceptualiser ce qui est vu, à tort ou à raison, comme une victoire de Moscou en Syrie.
Dès lors, la notion de « stratégie des actions limitées » acte l’impossibilité de Moscou de déployer des dispositifs militaires massifs dans le monde, mais aussi l’inanité que présenterait un tel déploiement au regard de la faible empreinte déployée avec succès par le Kremlin en Syrie. Paradoxalement, un tel positionnement induit une plus grande capacité d’action au-delà même de la traditionnelle sphère d’ingérence définie comme « étranger proche » et qui s’étend désormais au-delà, dans un « étranger quasi-proche »[12] où elle entend s’imposer par tous les moyens.
Des gains politiques indéniables
Si Moscou a plus ou moins réussi à mettre la Tchétchénie à sa botte, en Syrie cette prophétie auto-réalisatrice n’a que trop bien fonctionné.
Le principal contentement du Kremlin après huit ans de conflit est que son protégé, Bachar al-Assad, est toujours là. Moscou a en effet réussi à réduire toute alternative politique, démocratique d’abord, islamiste radicale par la suite au régime syrien. Le régime a d’ailleurs utilisé une stratégie analogue à celle déployée par le jeune président Poutine en Tchétchénie. L’alternative de départ posée par le régime syrien était aussi intransigeante et manichéenne que celle du Kremlin en Tchétchénie : soit une sanglante répression, soit un terrorisme islamiste menaçant l’Occident. Dès le début de la révolution syrienne, les déclarations du régime de Damas ont associé en effet le mouvement démocratique à des forces islamistes radicales, les nommant « terroristes » à l’instar de la sémantique russe utilisée en Tchétchénie. Si Moscou a plus ou moins réussi à mettre la Tchétchénie à sa botte, en Syrie cette prophétie auto-réalisatrice n’a que trop bien fonctionné. La militarisation de la révolution démocratique, l’éclatement et l’annihilation de l’Armée syrienne libre, l’émergence de groupes djihadiste, puis la diminution des combats, la mise à l’écart des parrains de la révolution, l’extinction des forces armées d’opposition modérée ainsi qu’à la réduction des forces djihadistes sont certes des atouts pour Moscou.
Si, en balayant l’Armée syrienne libre et en participant activement à la radicalisation des groupes armés révolutionnaires, Moscou et Damas ont failli faire emporter la Syrie et l’Irak par un nouveau mouvement djihadiste expansionniste à vocation globale, Damas a finalement profité de la conquête des territoires aux mains des révolutionnaires par l’État islamique (EI) à l’Est du pays, ainsi que du changement de priorité stratégique occidental et arabe. Mais le mouvement terroriste est devenu une hydre menaçant les deux acteurs – et le reste du monde au passage. C’est grâce à l’intervention internationale contre l’EI concrétisée par l’opération Inherent Resolve, que Moscou et Damas ont pu, indirectement, maintenir le territoire du régime, un paradoxe puisque de nombreux acteurs de la coalition s’étaient positionnés pendant les premières années de la révolution à l’encontre du régime. Le volet politique a été finalement efficace, du fait d’abord du peu d’engagement des Occidentaux en faveur des révolutionnaires modérés : trop peu, trop tard. Moscou a ainsi éconduit, avec des manœuvres stratégiques destinées à impressionner et créer un glacis russe sur le sanctuaire syrien, presque tous les soutiens initiaux de la révolution.
Moscou a même bénéficié en prime, dès le début de la répression, d’un flot de réfugiés qui a servi conjointement de motivation pour un revirement stratégique des États européens et d’argumentaire pour les alliés nationalistes de Moscou en Europe, qui ont joué amplement sur l’amalgame entre deux des externalités de la crise syrienne, qui sont les réfugiés et le terrorisme.
Par ailleurs, en soutenant la répression immodérée d’un autocrate, et en réussissant à le maintenir en selle, Moscou a envoyé un signal politique clair aux dirigeants de la planète, en s’imposant comme un parrain potentiel permettant la sauvegarde des régimes liberticides, à une époque où l’Europe tente, à l’inverse, de faire progresser (tant bien que mal, on en conviendra) le droit international, appliqué aux droits de l’homme, au droit international humanitaire (le droit dans la guerre) ou à la justice pénale internationale.
L’exemplification des régimes politiques russe et syrien est également un accomplissement du Kremlin. L’idée selon laquelle un « pouvoir fort », qu’il soit autoritaire ou dictatorial, est pertinent, souhaitable et efficace, notamment en matière antiterroriste, a amplement progressé dans les cercles de décideurs occidentaux, quand bien même le chaos régional et la radicalisation djihadiste sont précisément nés de l’oppression et de la répression exercées par le régime syrien, avec le soutien de son allié russe. Et au-delà de l’acceptation de régimes durs dans les zones d’instabilité (créant au passage un nouveau précédent selon lequel il suffirait d’invoquer l’instabilité pour légitimer un pouvoir répressif), l’exportation de ces régimes, notamment dans les États occidentaux, a également progressé en nourrissant les forces populistes occidentales, critiques des régimes démocratiques..
Gains militaires
En termes militaires, le Kremlin a expérimenté en Syrie trois cent seize nouveaux armements russes en situation de combat, ce qui n’a pas manqué, signe remarqué d’aisance politique sur le sujet, de faire l’objet d’une propagande sur le sujet, qui a relayé les propos du ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu[13].
Vladimir Poutine lui-même, a affirmé que l’intervention en Syrie a démontré l’amélioration des capacités de défense de la Fédération de Russie[14], notamment avec la nouvelle base aérienne russe de Hmeimim ou les évolutions liées à la base navale de Tartous décidés en 2017.[15]Si cela n’est que partiellement vrai (cf. infra), un point mérite d’être souligné quant au déploiement des forces armées russes à l’extérieur. Bien que Moscou ait décidé de ne procéder à un déploiement militaire n’ayant qu’une empreinte faible en Syrie, évitant les mésaventures de l’Union soviétique en Afghanistan ou des États-Unis au Vietnam ou en Irak, la Russie a toutefois déployé différents dispositifs opérationnels, y compris des forces de protection, des forces spéciales, de renseignement militaire, de la police militaire ou encore, bien entendu, certains aéronefs de sa force aérienne. L’aguerrissement des troupes présentes en Syrie assez faiblement exposées à l’ennemi contrairement à une guerre conventionnelle ou à un déploiement de contre-insurrection (COIN) plus conséquent, est toutefois un gain pour le Kremlin, selon lequel 63 000 personnels ont acquis en Syrie une « expérience du combat »[16].
Un autre élément important pour la Russie lié à ce déploiement est l’interopérabilité avec des forces conventionnelles locales (l’Armée arabe syrienne du régime), mais surtout avec des forces non-conventionnelles, qu’il s’agisse des groupes étrangers pro-iraniens ou bien des milices pro-régime locales. En interopérant avec des groupes armés non étatiques dans un contexte de COIN, les forces russes se sont formées à une des situations les plus pertinentes dans l’évolution actuelle de la guerre – une expérience éminemment utile pour la Russie pour l’avenir, à n’en pas douter.
Gains diplomatiques
Alors que la Russie a brisé tout effort de sanctions internationales du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies contre le régime syrien en faisant un usage immodéré du droit de veto, Moscou a également réussi, notamment lors des réunions multipartites, à saper le processus international de négociation, en ruinant le processus de Genève.
Alors que la Russie a brisé tout effort de sanctions internationales du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies contre le régime syrien en faisant un usage immodéré du droit de veto, Moscou a également réussi, notamment lors des réunions multipartites, à saper le processus international de négociation, en ruinant le processus de Genève. Les Russes ont en effet refusé de façon intransigeante toute progression substantielle, n’accordant que des progrès insignifiants, puis diluant l’opposition en introduisant des partenaires alternatifs comme le Groupe de Moscou, le Groupe du Caire et autres éléments satellisés. Elle a ensuite monté son propre processus de négociation à Astana, et a réussi à « capter » la Turquie, aux confins des zones d’influence russe et turque d’Asie centrale. Or, en sortant de la légitimité onusienne, on s’extrait également de la légalité internationale, et cela permet de plonger pleinement dans cette politique de puissance (power politics) qui permet intéressement, pressions et krompromat, et dont raffole le Kremlin.
Ceci a été passablement remarquable sur le terrain, où elle s’est imposée dans plusieurs négociations locales entre les zones rebelles et les forces pro-régime, atteignant des accords locaux et se faisant apparaître, plutôt que comme une partie belliqueuse forte (en cas de rejet de l’accord par les rebelles), comme un parrain de la paix (quand les accords ont finalement été conclus).
Ironiquement, face à la répression débridée du régime syrien, Moscou a pu apparaître comme un acteur certes antagonique, mais rationnel et responsable, à qui l’on pouvait et l’on devait parler, ne serait-ce que pour contenir la fuite en avant du régime, dont elle est pourtant le premier protecteur.
Ces éléments qui plaident en faveur d’une « victoire » russe apparaissent cependant, au regard de la situation actuelle, sinon comme un trompe-l’œil, tout du moins comme une victoire à la Pyrrhus.
Affaiblissement de l’État
Sur le plan politique d’abord, si Bachar al-Assad est toujours président, il n’est plus à la tête du même régime, les branches régionales et nationale du parti Baas syrien ainsi que la structure institutionnelle de la République arabe syrienne ont largement pâti de la situation depuis huit ans. D’ailleurs, le régime ne contrôle toujours pas l’ensemble du territoire. Et dans les territoires considérés sous son contrôle, une multiplicité de situations affaiblit l’autorité centrale : contrôle de groupes armés étrangers aux ordres de Téhéran, milices locales pro-régime, situations mixtes dans lesquelles des anciennes forces révolutionnaires locales sont contraintes à accepter la mainmise du régime. La Russie elle-même, tout en soutenant la survie a minima du régime, s’est imposée en réduisant la souveraineté du pays, travaillant notamment directement sur le terrain avec des groupes non étatiques.
Une reconstruction à l’avenant
Par ailleurs, la moitié de la population est toujours exilée dans le pays ou à l’étranger, et rien, dans les statistiques onusiennes[17], n’indique un infléchissement qui induirait un retour des réfugiés. Bien que ce point soit assumé par Damas, c’est évidemment un élément contrariant la productivité et la consommation du pays, et donc sa reconstruction, autant que l’image de pacification voulue par le Kremlin. Cumulé avec le point précédent, il semble évident que les éléments non étatiques en contrôle de territoires locaux entendent procéder à des prises d’intérêts significatifs, sapant ainsi ex ante reconstruction et développement.
En effet, des dommages colossaux, auxquels le régime syrien et son allié russe ont largement pris part au travers de bombardements aériens, d’artillerie, de barrel bombs ou par les offensives terrestres, ont été occasionnés, détruisant infrastructures et habitations à grande échelle. Ces dommages ne sont pour l’heure pas réparés et aucune solution ne point. Les différentes prises de contrôle de l’économie syrienne au travers des investissements de Moscou ou de Téhéran[18] concernent l’ensemble de l’économie mais sont très loin de répondre à l’ampleur des nécessités pour la population, ce qui est impossible au regard des sanctions qui touchent le régime en raison de ses violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Or la seule alternative possible aux investissements européens – option privilégiée par Moscou mais refusée sans ouverture politique du régime[19], qui reste intransigeant – est l’entrée significative d’investissements chinois, ce qui menacerait autant les gains stratégiques que la narration politique du Kremlin.
Militairement, si un certain nombre d’éléments ont certainement servi Moscou, les performances russes sont discutables, relativisées si ce n’est ridiculisées à plusieurs occasions : porte-avion Kuznetsov accompagné d’un remorqueur jusqu’en Méditerranée orientale puis accidenté au retour[20], crash d’un MiG et d’un Su-33 tentant d’apponter[21], Su-24 abattu par un F-16 turc, aéronef de renseignement électronique Il-20 abattu par le système russe de défense aérienne S200 que Moscou avait fourni à son allié syrien, attaques préjudiciables de mortier ou de drones contre la base de Hmeimim[22], ou encore bases militaires syriennes frappées – même symboliquement – par les Occidentaux, attaque de Khasham contre les forces spéciales américaines ayant vu les effectifs de la compagnie Wagner décimés[23].
Adhésion limitée de l’opinion publique en Russie
De plus, si l’intervention en Syrie a servi sur la scène politique intérieure russe l’idée d’une Russie puissante dans le monde, les pertes humaines sont un sujet de préoccupation. Ainsi, si le Kremlin n’a pas manqué de communiquer[24] sur la situation de chaos due aux changements de régime et à la pertinence de régimes forts, en Syrie notamment, l’intervention militaire russe en Syrie ne rencontre qu’une adhésion limitée au sein de la population russe, passant, selon un sondage indépendant du Centre Levada, de 49 % de personnes pensant que la Russie devrait mettre un terme à la campagne militaire en août 2017 à 55 % en avril 2019, alors que nombreux sont ceux qui ne s’intéressent plus au conflit[25].
Impasse diplomatique
Diplomatiquement, le processus d’Astana apparaît aussi bloqué que celui de Genève. L’absence de l’opposition à la grand-messe russe de Sotchi en janvier 2018 a fini de discréditer ces apparences de négociations[26], qui se conduisent essentiellement désormais entre Russes, Turcs et Iraniens, sans même que le régime syrien soit invité.
Si l’intervention en Syrie a servi sur la scène politique intérieure russe l’idée d’une Russie puissante dans le monde, les pertes humaines sont un sujet de préoccupation.
Quant aux négociations locales, elles ont placé la Russie dans une position intéressante, mais elles ne pourront effacer le calvaire infligé par le régime aux populations ayant vécu dans les zones contrôlées par les groupes d’opposition. Et en ce qui concerne le reste du monde, il n’est pas dupe que si Moscou a tenté de s’imposer comme arbitre, il n’en a pas moins été une des parties les plus actives défendant ardemment le statu quo depuis 2011.
Une emprise militaire limitée
Une des techniques du Kremlin pour limiter l’empreinte militaire russe, a été de recruter des mercenaires par le biais des sociétés militaires privées (SMP), Corps slave[27] puis ChVK Wagner[28]. Or, d’une part, cette intervention des SMP s’est donc passablement illustrée comme étant limitée à la COIN et non pertinente contre des troupes conventionnelles disposant d’un appui feu conséquent (barrages d’artillerie, appui aérien rapproché). D’autre part, le recours aux SMP pose la question de l’apparition et de l’usage de ces structures pour la Russie, question sensible pour la préservation du régime comme pour son image d’un exécutif certes fort, mais à la tête d’un État puissant, ce qui suppose a priori la souveraineté de ses forces de projection. C’est donc là un pari dangereux du Kremlin qui semble néanmoins adopter cette option en l’intégrant désormais à ses projections stratégiques en Afrique[29].
Par ailleurs si les gains infrastructurels militaires sont réels, notamment pour la base de Hmeimim, l’accord décidé quant à la présence russe à la base navale de Tartous en 2017 fait encore l’objet de négociations entre Bachar al-Assad, Alexandre Lavrentiev (Envoyé spécial en Syrie), Sergueï Vershinin (ministre des Affaires étrangères) et Youri Borisov (vice-premier ministre) en 2019[30], indiquant une certaine difficulté à capitaliser fortement sur une intervention qui a tout de même sauvé la mise au régime, ce dernier s’attachant à jouer successivement sur ses alliés russe et iranien afin de ménager ses propres intérêts.
Du point de vue de l’opératif militaire, si l’interopérabilité a été un atout, la faible empreinte a induit peu de prise réelle sur le terrain, ce qui a poussé Moscou à tenter d’identifier des groupes armés non étatiques, tribaux notamment, qui pourraient servir de « proxies » relayant son action, à l’instar des très développés réseaux de groupes pro-iraniens. Moscou a ainsi pu s’allier avec certaines formations mais de façon bien moins prégnante et étendue que Téhéran.
De plus, les forces pro-régime n’ont pas repris l’ensemble du territoire syrien, loin de là. La Turquie occupe le nord du pays et n’a aucune intention de partir – au contraire, elle forme sa propre armée nationale syrienne (Jaysh al-watani), constituée des brigades turkmènes et de Jabhat al-wataniya al-tahrir, alliant Ahrar al-Sham et Nour al-din al-zenki. La Turquie réussit par ailleurs, jusqu’à maintenant, à servir de garant extérieur pour la zone d’Idlib.
Une hégémonie géopolitique fragile
En termes géopolitiques, de nombreux éléments contestent le statut de « puissance hégémonique » décerné à la Russie[31].
Le maintien de la poche d’Idlib est un danger pour la Russie, qui peut être vu comme une raison pour maintenir sa présence militaire, mais qui est surtout la résultante de son incapacité à s’imposer dans les négociations contre la Turquie, à qui elle a dû céder l’autonomie de la zone entourée de postes d’observations. Or, la reconquête d’Idlib, en faveur de laquelle le régime syrien pousse régulièrement, est risquée en termes tactique (combats au sol), politique (pertes de soldats), stratégique (opposition de la Turquie) et légal (les accords sur cette « zone de désescalade » ont été effectués sous le parrainage de Moscou).
Autre point, la prise d’Afrine par la Turquie, sous autorisation russe, a été partiellement contrée par des milices du régime soutenues par l’Iran ce qui démontre une autorité limitée sur le régime qui s’est ici encore empressé de jouer sur la dualité Iran/Russie, mais en dit aussi long sur l’incapacité du Kremlin à arbitrer l’antagonisme entre Ankara et Damas.
De même, les rivalités Israël-Hezbollah menacent l’image de la Russie comme acteur de stabilité depuis son intervention en 2015. L’entente plus ou moins tacite entre Israël et la Russie, qui a garanti la libre action des aéronefs russes dans le ciel syrien, implique que Moscou laisse Israël frapper au sol contre des cibles iraniennes et du Hezbollah en Syrie si elle considérait que sa sécurité était menacée, ce qu’elle a fait « des centaines de fois »[32]. Or, si les frappes anti-iraniennes servent indirectement les intérêts russes, Téhéran et le Hezbollah n’en sont pas moins des acteurs stratégiques avec lesquels la Russie doit composer pour protéger ses acquis. Ainsi, la proposition faite par la Russie à Israël de se porter garant du retrait de toute force iranienne à 100 km de la limite avec le Golan n’a pas été accueillie comme très pertinente côté israélien.[33]
Par ailleurs, la concurrence stratégique entre Moscou et Téhéran rend la réalité d’une « victoire russe » difficile. En effet, si la République islamique n’avait pas œuvré autant à la sauvegarde du régime syrien, la Russie serait le seul acteur étatique à pouvoir se targuer d’avoir sauvé celui-ci. Mais la coexistence russo-iranienne, et surtout le fait que Téhéran, par la branche Al-Qods des Gardiens de la Révolution islamique, soit en situation de contrôle des groupes armés en Syrie, peut faire sensément pencher la victoire plutôt du côté iranien que russe.
Quant aux rivalités entre Moscou et Ankara, historiquement complexes et passionnées, elles sont en recomposition forcée du fait de plusieurs éléments : défense des groupes révolutionnaires contre le régime syrien par la Turquie, intervention militaire russe en septembre 2015, chasseur bombardier russe abattu par un chasseur truc en novembre de la même année, intervention militaire turque dans le Nord syrien en août 2016, assassinat de l’ambassadeur de Russie en Turquie Andreï Karlov en décembre 2016, tentative de coup d’État contre le président Erdoğan en juillet 2016, attaque de la base de Hmeimim à partir d’Ildib fin 2017, ou encore offensive turque dans le canton d’Afrine en janvier 2018 alors que la Russie espérait rallier les Kurdes au régime syrien.
Navigant à vue dans la combinaison de leurs intérêts en Syrie, les relations de la Russie et de la Turquie font l’objet d’une certaine retenue pour éviter un clash militaire auquel ni Ankara ni Moscou n’ont intérêt. Le Kremlin en a conscience et ménage donc la Turquie sur les plans politique, diplomatique et militaire, tentant plutôt de faire dévier cette dernière de ses liens atlantistes pour la faire entrer dans une alliance asiatiste ad hoc, mue notamment par la fourniture de systèmes de défense S400 et le déraillement du contrat des F-35 américains. L’attitude du Kremlin vis-à-vis d’Ankara révèle une stratégie prudente qui révèle ici aussi les limites de la puissance russe dans la région, alors que la Turquie dispose d’atouts contre la Russie dans le Caucase, en mer Noire, en Asie centrale, au Moyen-Orient et, bien sûr, en Syrie.
Le rapport de la Russie au Nord-Est syrien n’en est pas moins compliqué. Que l’avenir penche pour le maintien stratégique (même à faible empreinte) d’une présence américaine et française aux côtés des forces kurdes dans le cadre de l’opération Inherent Resolve, ou bien pour l’abandon de la zone par les Occidentaux, toute opération de récupération du Nord du pays nécessiterait pour le Kremlin soit d’entrer dans une nouvelle phase de belligérance (ce à quoi l’Iran adhérerait peu de crainte des répercussions des mouvements kurdes armés dans l’ouest de la République islamique), soit de s’ouvrir politiquement au Parti de l’union démocratique (PYD), ce à quoi la Turquie s’oppose absolument. Une inclusion politique reconnaissant quelque rôle que ce soit au PYD ou bien le moindre processus de décentralisation autonomisant le Nord-Est syrien ferait immédiatement s’effondrer le dialogue russo-turc et provoquerait même éventuellement une offensive des forces turques, accroissant ainsi le territoire syrien sous le contrôle d’Ankara. En l’état donc, Moscou a pris acte de son incurie militaire et politique dans l’Est du pays, se concentrant essentiellement sur le contrôle de l’Ouest syrien où se situent ses intérêts militaires et naviguant à vue dans la géographie de ses prises d’intérêts économiques.
Enfin, précisément sur ce point, il est essentiel de considérer que toute stabilisation sociale, politique et sécuritaire est peu probable sans effort conséquent en termes de reconstruction. Or sur ce point, la Russie est tout à fait contrainte d’abord par ses réalités économiques, mais aussi par les sanctions occidentales. S’il ne lui est pas possible de financer amplement la reconstruction en Syrie, la situation présente un important danger politique, l’absence de reconstruction étant susceptible d’induire de nouvelles contestations, y compris dans les zones pro-régime, à l’instar de ce qui a pu être observé chez le voisin irakien, à Bassora, à la mi-2018.
Conclusion : une responsabilité politique
Par son intervention, et un positionnement nationaliste qui revendique son statut de puissance victorieuse et hégémonique, Moscou s’est rendue comptable de la situation d’un pays divisé et exsangue.
Or, en Syrie, la « solution » russe relève plus de l’accaparement, à grands coûts humanitaire et politique, de gains stratégiques partiels malgré une propagande active vantant une « normalisation » peu à même de masquer les réalités du terrain : corruption, répression, absence de liberté d’expression et de toute possibilité de participation politique en dehors des canaux officiels.
La Russie s’est ménagé des atouts indéniables dans le pays, dont l’un d’entre eux est la possibilité, en cas de besoin, de se séparer de Bachar al-Assad, auquel Moscou a toujours dit qu’elle n’était pas spécialement attachée, pour le remplacer par un de ses pairs. Mais en l’état, le succès très relatif de son action militaire et les sérieuses difficultés auxquelles elle fait face rendent difficile la reconnaissance d’une « victoire » russe en Syrie.
Il faut relativiser cette dénomination de « victoire », même en considérant ce concept au-delà de son strict sens militaire, en incluant différents éléments stratégiques. Et même à considérer une victoire russe, la perspective historique nous impose de réaliser que cette notion est à relativiser fortement au Moyen-Orient, nombreux étant ceux qui ont cru l’emporter avant de s’embourber face à l’impossibilité de quelque stratégie à tendance hégémonique que ce soit dans la région.
D’ailleurs, l’élément le plus important de la stratégie russe en Syrie n’est peut-être pas à chercher en Syrie elle-même : cette dernière a finalement été avant tout un terrain d’expérimentation stratégique dans le but de développer des méthodes d’influence et d’ingérence adaptables sur d’autres théâtres.
À ce titre, la confiance même relative des Occidentaux dans la possibilité d’une coopération mutuellement bénéfique avec Moscou est désormais largement caduque, et l’ensemble des puissances régionales ou mondiales a vu clair, au-delà de la propagande, dans le jeu du Kremlin, qui peut désormais difficilement se targuer, même par double discours, d’être le défenseur du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ou le fer de lance anti-impérialiste qu’il prétend être.
En ce sens, la stratégie adoptée par le Kremlin en Syrie a rendu clairs les moyens que la Russie est prête à déployer pour accroître son pouvoir. Toutefois, si cette manœuvre d’intimidation internationale a déréglé et exacerbé l’ordre global conformément à la vision et aux intérêts du Kremlin, une telle manœuvre invite également les autres puissances à la clairvoyance, à la prudence et à l’anticipation stratégique, ce qui, sur le long terme, peut contrevenir aux intérêts de la Russie, bien au-delà de la seule Syrie.
Notes :
[1] Robert Mandel, « Defining postwar victory », in Jan Angstrom et Isabelle Duyvesteyn, Understanding Victory and Defeat in Contemporary War, Routledge, Londres, 2006, p. 13-46
[2] William C. Martel, Victory in War: Foundations of Modern Strategy, Cambridge University Press, New York, 2007, 2011, P. IX
[3] Ibidem.
[4] Id., pp. 91-93.
[5] Id., p. 94.
[6] Thomas Schelling, cité dans Jan Angstrom, in Jan Angstrom et Isabelle Duyvesteyn, Op. cit., p. 3.
[7] Валерий ГЕРАСИМОВ, « ЦЕННОСТЬ ЕННОСТЬ НАУКИ В ПРЕДВИДЕНИИ », BПK, N° 8 (476), 27 février-5 mars 2013, p. 2, https://vpk-news.ru/sites/default/files/pdf/VPK_08_476.pdf?fbclid=IwAR2Ywkz216tBk0NFxKejdGhUv5ciuzSsYEal04I3mlcWAbigX5sRs-Ws-pg (consulté le 27 mai 2019).
[8] Roger McDermott, « Gerasimov unveils Russia’s ‘Strategy of Limited Actions’ », Eurasia Daily Monitor, Vol. 16, N° 31, https://jamestown.org/program/gerasimov-unveils-russias-strategy-of-limited-actions/ (consulté le 27 mai 2019).
[9] Id.
[10] Pavel Felgenhauer, « A new version of the ‘Gerasimov Doctrine’? », Eurasia Daily Monitor, Vol. 16, N° 32, https://jamestown.org/program/a-new-version-of-the-gerasimov-doctrine/ (consulté le 27 mai 2019).
[11] Roger McDermott, op. cit.
[12] Julien Théron, « From ‘near abroad’ to ‘nigh abroad’: the transformation of Russian foreign strategy », Eastern Platform Seminar « Post-soviet space between the EU and Russia. The state of the crisis: winding down or going global? », https://www.kas.de/web/estland/veranstaltungen/detail/-/content/eastern-platform-seminar-postsowjetischer-raum-zwischen-der-eu-und-russland.-der-zustand-der-krise- (consulté le 27 mai 2019).
[13] « Russian army tested over 300 models of new weapons in Syria », Sputnik, 11 mars 2019, https://sputniknews.com/russia/201903111073121640-russia-weapons-test-syria/ (consulté le 28 mai 2019).
[14] « Putin: Operations in Syria show Russia’s defense capabilities », PressTV, 1er mars 2018, https://www.youtube.com/watch?v=M6nlqBqNXPc (consulté le 28 mai 2019).
[15] Damien Sharkov, « Vladimir Putin has big plans for Russia’s naval base in Syria – Including staying until 2092 », Newsweek, 14 décembre 2017, https://www.newsweek.com/vladimir-putin-could-expand-russian-navy-syria-despite-announcing-pullback-747815 (consulté le 28 mai 2019).
[16] « Russia says 63,000 troops have seen combat in Syria », BBC News, 22 août 2018, https://www.bbc.com/news/world-middle-east-45284121 (consulté le 29 mai 2019).
[17] « Syria regional refugee response », United Nations High Commissioner for Refugees, https://data2.unhcr.org/en/situations/syria (consulté le 29 mai 2019).
[18] Sinan Hatahet, « Russia and Iran: Economic influence in Syria », Chatham House, mars 2019, https://www.chathamhouse.org/sites/default/files/publications/research/2019-03-08RussiaAndIranEconomicInfluenceInSyria.pdf (consulté le 29 mai 2019).
[19] Julien Théron, « Reconstruction contre transition politique en Syrie : prudence et opportunité pour l’Europe », CAREP Paris, 19 mars 2019, https://www.carep-paris.org/publications/analyse-dactualite/reconstruction-contre-transition-politique-en-syrie-prudence-et-opportunite-pour-leurope/ (consulté le 30 mai 2019).
[20] Caitlin Foster, « Russian ships sailing by NATO’s war games have a tug with them — and it’s a telltale sign of their surface fleet’s biggest problem », Business Insider, 29 octobre 2018, https://www.businessinsider.fr/us/tug-sailing-with-russian-ships-reveals-their-fleets-biggest-problem-2018-10 (consulté le 29 mai 2019).
[21] Sarah Rainsford, « Russian aircraft carrier Admiral Kuznetsov damaged by crane », BBC News, 30 octobre 2018, https://www.bbc.com/news/world-europe-46030113 (consulté le 29 mai 2019).
[22] « Did Russia really lose seven warplanes in Syria on New Year’s eve? », War is Boring, 4 janvier 2018, https://warisboring.com/did-russia-really-lose-seven-warplanes-in-syria-on-new-years-eve/ (consulté le 29 mai 2019).
[23] Maria Tsvetkova, « Russian toll in Syria battle was 300 killed and wounded: sources », Reuters, 15 février 2018, https://www.reuters.com/article/us-mideast-crisis-syria-russia-casualtie/russian-toll-in-syria-battle-was-300-killed-and-wounded-sources-idUSKCN1FZ2DZ (consulté le 29 mai 2019).
[24] Nikolay Kozhanov, « Chaos in the Arab World suits Russia’s domestic propaganda », Carnegie Moscow Center, 7 août 2015, https://carnegie.ru/2015/08/07/chaos-in-arab-world-suits-russia-s-domestic-propaganda-pub-60978 (consulté le 29 mai 2019).
[25] « СОБЫТИЯ В СИРИИ », Левада-Центр, 6 mai 2019, https://www.levada.ru/2019/05/06/sobytiya-v-sirii/ (consulté le 29 mai 2019).
[26] « Boycotts, heckles disrupt Russia-backed Syria talks in Sochi », 30 janvier 2018, France 24, https://www.france24.com/en/20180130-syria-russia-sochi-missing-key-players-peace-talks-begin (consulté le 29 mai).
[27] Mitch Swenson, « There are Russian mercenaries fighting In Syria », War is boring, 18 novembre 2013, https://warisboring.com/there-are-russian-mercenaries-fighting-in-syria/ (consulté le 29 mai 2019).
[28] « Syria war: Who are Russia’s shadowy Wagner mercenaries? », BBC News, 23 février 2018, https://www.bbc.com/news/world-europe-43167697 (consulté le 29 mai 2019).
[29] Neil Hauer, « Russia’s favorite mercenaries », The Atlantic, 27 août 2018, https://www.theatlantic.com/international/archive/2018/08/russian-mercenaries-wagner-africa/568435/ (consulté le 29 mai 2019).
[30] « Moscow close to finalizing deal to lease Syria’s Tartus port for 49 years », Radio Free Europe / Radio Liberty, avec Reuters, Interfax et TASS, 21 avril 2019, https://www.rferl.org/a/moscow-damascus-near-deal-on-lease-syrian-port-tartus/29894114.html (consulté le 29 mai 2019).
[31] Ekaterina Stepanova, « La Russie a-t-elle une grande stratégie au Moyen-Orient ? », Politique étrangère, 2016/2, https://www.cairn.info/revue-politique-etrangere-2016-2-page-23.htm?try_download=1#
[32] Isabel Kershner, « Israel, in rare admission, confirms strike on Iranian targets in Syria », The New York Times, 13 janvier 2019, https://www.nytimes.com/2019/01/13/world/middleeast/israel-iran-strike-syria-tunnels.html (consulté le 29 mai).
[33] Raphaël Ahren, « Israel rejects Russian offer to keep Iran 100 km from Syrian border », The Times of Israel, 23 juillet 2018, https://www.timesofisrael.com/israel-rejects-russian-offer-to-keep-iran-100-km-from-israels-border/ (consulté le 29 mai).