04/07/2025

Le conflit israélo-iranien : une escalade sans vainqueur ni vaincu

Par Mehran Kamrava
carte moyen orient
vue du ciel carte middle east

Texte traduit de l’arabe, paru initialement le 26 juin 2025, sur le site de l’ACRPS.

Les États-Unis ont finalement cédé aux pressions israéliennes et lancé des frappes aériennes contre les principales installations nucléaires iraniennes, situées à Ispahan, Natanz et Fordo.
L’extension de ce conflit pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour l’Iran comme pour l’ensemble du Moyen-Orient. Une région à peine remise de l’invasion irréfléchie de l’Irak sous George W. Bush risque de se retrouver une nouvelle fois au bord du gouffre.

Ce scénario sert avant tout les intérêts du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, mais nuit aux autres acteurs impliqués. Ce dernier a finalement atteint un objectif de longue date : déclencher une offensive contre l’Iran, ce qu’il a fait le 13 juin 2025, en poursuivant plusieurs buts à la fois.

Ces frappes interviennent toutefois à un moment politiquement critique pour lui, alors que sa coalition gouvernementale, déjà fragilisée, était menacée par au moins deux défections. Malgré cela, Netanyahou s’est retrouvé, pour la première fois depuis des mois, en position de force sur le plan intérieur — fût-ce temporairement —, une majorité d’Israéliens ayant rallié le drapeau et soutenu leur pays dans cette confrontation [1].

L’attaque massive et inattendue contre l’Iran s’est rapidement transformée en un affrontement généralisé. Les Iraniens, qui anticipaient depuis longtemps une offensive israélienne sur leur territoire, avaient décidé d’y répondre sans hésiter — ce qu’ils ont effectivement fait.
Plus d’une semaine après le début des hostilités, frappes et contre-frappes se sont enchaînées, plongeant la région dans un conflit sans issue apparente.

Quant aux objectifs ultimes de Netanyahou, ils restent flous. Trois hypothèses sont envisagées : le démantèlement du programme nucléaire iranien, l’affaiblissement et la fragmentation du pays, ou encore un changement de régime. Ces objectifs peuvent être complémentaires et ne s’excluent pas mutuellement. Il n’est pas certain, en revanche, que Netanyahou ait déclenché cette offensive avec un plan clair, ou s’il a simplement saisi une occasion de frapper un coup décisif contre l’Iran — notamment dans le contexte du démantèlement de ce que l’on appelle « l’axe de la résistance » et de la présence, sur le sol iranien, d’une base de renseignement israélienne importante.

Mehran Kamrava

Professeur de science politique à l’Université de Georgetown au Qatar, Mehran Kamrava dirige l’unité d’études iraniennes au Arab Center for Research and Policy Studies (ACRPS). Il est l’auteur de nombreux ouvrages de référence sur l’Iran et le Moyen-Orient, parmi lesquels How Islam Rules in Iran (2024), Righteous Politics (2023), A Dynastic History of Iran (2022), Triumph and Despair (2022), Une brève histoire de la révolution (2020), Inside the Arab State (2018) ou encore Qatar: Small State, Big Politics (2015). Il a également dirigé plusieurs ouvrages collectifs sur la politique et la sécurité dans le Golfe et le monde arabe.

 L’Iran se prépare à une guerre d’usure

Tout porte à croire que l’institution militaire iranienne se préparait à une guerre d’usure prolongée[2]. L’annonce prématurée de la victoire par Israël — relayée par plusieurs responsables politiques israéliens — ainsi que l’appel du président américain à une « reddition inconditionnelle » de l’Iran apparaissent comme hautement précipités. Ces déclarations révèlent une incompréhension profonde de la mentalité des élites civiles et militaires iraniennes. Par le passé, les dirigeants de la République islamique n’ont jamais cédé face aux menaces ; bien au contraire, ils ont adopté des positions de plus en plus intransigeantes.

Au cours des dernières années, l’Iran a porté le niveau d’enrichissement de l’uranium à un taux sans précédent de 60 %, en réaction aux demandes occidentales de démantèlement de son programme nucléaire et aux lourdes sanctions censées la contraindre à se soumettre. Parallèlement, elle a dévoilé des centrifugeuses de nouvelle génération[3]. Rien ne laisse penser qu’elle acceptera cette fois-ci de se plier aux exigences israéliennes et américaines, quels qu’en soient les coûts.

En réalité, tandis que les experts militaires occidentaux et les dirigeants israéliens se préparaient à proclamer une victoire imminente d’Israël, l’Iran poursuivait ses attaques balistiques dévastatrices contre l’ensemble des villes israéliennes. Il semble d’ailleurs que l’objectif final d’Israël évolue de jour en jour. Alors que les premières frappes visaient officiellement le démantèlement du programme nucléaire iranien, celui-ci s’est élargi pour inclure un changement de régime, voire une remise en cause de l’intégrité territoriale iranienne.

Israël exige désormais le démantèlement du système de défense aérienne iranien, qui s’est révélé, ces derniers jours, être le seul moyen de défense efficace du pays. Des responsables politiques israéliens ont commencé à évoquer publiquement l’octroi de garanties de sécurité aux minorités ethniques présentes en Iran, dans l’éventualité où celles-ci décideraient de faire sécession.

Les dirigeants iraniens n’ont pas oublié ce qui s’est passé en Irak, en Libye et en Syrie. À la fin des années 1990, Saddam Hussein a démantelé les armes de destruction massive que possédait son pays, sous la pression exercée par l’Occident et par l’Organisation des Nations unies. En 2003, l’Irak a été attaqué et occupé sous prétexte qu’il dissimulait ces armes. Pendant l’occupation, après la dislocation du pays, les forces américaines ont tenté de retrouver ces prétendues armes de destruction massive — en vain[4].

En Libye, bien que Mouammar Kadhafi ait démantelé le programme nucléaire du pays en décembre 2003, l’Occident a facilité sa chute quelques années plus tard, de manière humiliante[5].  En Syrie, Israël s’est emparé d’équipements militaires syriens importants et a détruit le reste peu de temps après l’effondrement du régime brutal de Bachar al-Assad[6].

Afin d’éviter un sort similaire, les dirigeants iraniens ont pris des mesures destinées à garantir la continuité de l’État face à d’éventuels développements imprévus. Des rapports indiquent qu’Ali Khamenei, guide suprême, aurait adopté une démarche inhabituelle en désignant des successeurs potentiels : il aurait chargé l’Assemblée des experts — organe constitutionnellement habilité à nommer le guide suprême — de choisir l’un de trois candidats, dont les noms n’ont pas été rendus publics, en cas de décès[7].

En tant que commandant en chef des forces armées, il aurait également participé à la planification minutieuse du remplacement éventuel des chefs militaires, dans l’hypothèse où Israël en assassinerait d’autres. Les autorités civiles et militaires iraniennes estiment que les objectifs israéliens dépassent largement la question du programme nucléaire. Selon elles, Israël cherche non seulement à redessiner la carte de l’Iran, mais aussi celle du Moyen-Orient dans son ensemble.

L’objectif serait de voir émerger un Iran affaibli, fragmenté, privé de moyens de défense autonomes, et subordonné aux États-Unis et à leurs alliés régionaux. Dans cette optique, ni une défaite face à Israël, ni une capitulation devant les États-Unis ne sont envisageables. Bien au contraire, tout indique que l’Iran se prépare à un conflit prolongé, misant sur sa taille et sa résilience pour épuiser la volonté et les ressources israéliennes.

La question demeure cependant de savoir si l’Iran est réellement en mesure de soutenir une guerre d’usure durable. Cela dépendra de plusieurs facteurs : ses capacités militaires, ses dynamiques internes et sa situation économique. Dispose-t-elle de la puissance militaire nécessaire pour mener une guerre de longue haleine contre Israël, puis contre les États-Unis ? D’après l’attitude actuelle de ses chefs militaires, ceux-ci semblent convaincus que leur pays est mieux armé que l’État hébreu pour endurer un conflit prolongé.

Il convient de noter qu’au cours des premiers jours de la guerre, l’Iran a principalement utilisé des missiles anciens et peu sophistiqués, apparemment dans le but d’épuiser les capacités de défense israéliennes, tout en augmentant le coût économique de leur interception par des drones et des projectiles relativement bon marché. Toutefois, ces derniers jours, elle a eu recours à des missiles plus perfectionnés et destructeurs, comme en témoigne l’attaque menée contre Israël dans la matinée du 19 juin.

Sur le plan économique, l’Iran a souffert pendant des années des sanctions et d’une mauvaise gouvernance. Toutefois, il serait erroné de croire que ces difficultés précipiteront la chute de la République islamique. L’idée selon laquelle « la misère engendre la révolution » se vérifie rarement dans l’histoire ; ce sont généralement les riches qui se révoltent pour obtenir davantage d’avantages, et non les pauvres et les démunis, avant tout préoccupés par leur survie[8] [8].

En outre, les guerres engendrent souvent des économies spécifiques, dans lesquelles les élites parviennent à maintenir leur position — voire à s’enrichir — tandis que le reste de la population lutte pour survivre par tous les moyens disponibles. Une guerre prolongée pourrait bien entraîner l’effondrement de ce qui reste de la classe moyenne du pays. Toutefois, il est peu probable qu’elle provoque à elle seule la chute du régime politique.

La véritable question demeure : la République islamique dispose-t-elle encore du capital politique nécessaire pour survivre et sortir indemne d’un conflit de longue durée ? Il semble qu’au fil des dernières années, le régime ait progressivement sapé la légitimité intérieure dont il bénéficiait encore auprès des classes moyennes et supérieures urbaines. En ce sens, il n’a pas su conquérir les cœurs et les esprits, préférant promouvoir une idéologie rigide, imprégnée d’intolérance, de misogynie et de conceptions archaïques de la politique divine[9].

Il n’est donc guère surprenant que de nombreux Iraniens — en majorité issus de la diaspora — voient dans la guerre israélienne une opportunité de libérer enfin leur pays du pouvoir religieux. Pourtant, ces partisans de l’intervention restent une infime minorité face à une écrasante majorité d’Iraniens dont les sentiments nationalistes ont été profondément exacerbés par l’attaque israélienne.

Il est difficile d’évaluer précisément l’état d’esprit général dans le pays, mais l’espace numérique iranien regorge de contenus à forte tonalité nationaliste — y compris de la part d’opposants à la République islamique. Ali Khamenei et son régime ne jouissent peut-être pas d’un soutien massif, mais la haine des Iraniens envers les envahisseurs étrangers ou les dirigeants imposés par des puissances extérieures semble encore plus profonde[10].

Parallèlement, un sentiment diffus de peur de l’inconnu traverse la société iranienne dans toutes ses composantes. C’est dans ce climat que certains prennent au sérieux l’appel de l’ancien président américain Donald Trump, qui les a exhortés à « quitter Téhéran ». Les routes menant hors de la capitale sont saturées ; les rues, d’ordinaire très animées, sont désormais quasi désertes. La majorité des commerces et restaurants ont fermé leurs portes, et les stations de métro servent d’abris. Les Iraniens, pour leur part, attribuent leur sort actuel à « trois fous » : Netanyahou, Trump et Khamenei.

Guerres et leçons de l’histoire

Au milieu de toutes les discussions sur les conséquences désastreuses de l’implication des États-Unis dans la guerre menée par Israël contre l’Iran, il semble qu’une leçon simple de l’histoire ait été oubliée : lorsqu’une superpuissance déclare la guerre à une puissance moyenne — que ce soit les États-Unis contre le Viêt Nam ou l’Irak, ou encore la Russie contre l’Ukraine —, elle peut certes infliger de lourdes pertes humaines et des destructions majeures d’infrastructures, mais elle ne parvient pas à « gagner » la guerre[11]. Aucun président américain pendant la guerre du Viêt Nam n’a pu prétendre l’avoir remportée. Des décennies plus tard, le président George W. Bush proclamait fièrement que « la mission était accomplie », précipitant pourtant l’Irak dans un bourbier sans fin, tandis que son propre pays se retrouvait confronté à la menace de l’organisation dite État islamique en Irak et au Levant (Daech), au Moyen-Orient comme ailleurs.

Aujourd’hui, nombreux sont ceux en Israël qui expriment leur gratitude envers Trump, estimant qu’il a « accompli la mission ». Mais en réalité, il pourrait bien s’agir du début d’un chemin semé d’embûches pour toutes les parties concernées. Tous les regards se tournent désormais vers l’Iran, dans l’attente de sa réaction face à l’implication des États-Unis dans l’attaque. Par le passé, les réponses iraniennes aux frappes américaines ont été mesurées et soigneusement calibrées. Ce fut le cas en janvier 2020, lorsque l’Iran a frappé des bases américaines en Irak en représailles à l’assassinat du général Qassem Soleimani — une attaque qui a blessé une centaine de soldats américains, mais qui visait clairement à éviter un grand nombre de victimes.

La riposte iranienne pourrait cette fois encore être mesurée et conçue pour éviter l’escalade. Toutefois, il est souvent difficile d’empêcher une détérioration rapide au cours d’un conflit militaire. À la lumière d’une expérience historique douloureuse, nous pourrions bien être à l’aube d’une nouvelle spirale sombre pour l’Iran, le Moyen-Orient et les États-Unis.

Cela dit, les perspectives d’un règlement diplomatique ne se sont pas complètement évanouies, comme le montrent les récentes réunions à Genève entre les ministres des Affaires étrangères de l’Iran, du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne, ainsi que les échanges de messages entre l’Iran et les États-Unis. L’éventualité de rechercher une issue à l’impasse demeure ouverte.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a rencontré ses homologues et mené des consultations lors de la réunion de l’Organisation de la coopération islamique à Istanbul. Il a révélé qu’il avait, depuis le début des hostilités avec Israël, engagé un dialogue direct avec Steve Witkoff, principal négociateur du président Trump dans les discussions sur le nucléaire. Le comportement militaire de l’Iran — en l’occurrence, ses frappes de missiles visant uniquement à riposter aux attaques israéliennes — indique une volonté manifeste de contenir l’élargissement du conflit et de freiner l’escalade[12] . Si les rapports faisant état de contacts iraniens avec le sultanat d’Oman et le Qatar s’avèrent exacts, cela s’inscrirait dans la stratégie iranienne visant à mettre fin à la guerre dans les plus brefs délais.

La structure sécuritaire de la région traverse depuis quelque temps une phase de transition. L’un des objectifs principaux d’Israël dans cette guerre est de modifier la nature des dispositifs sécuritaires en vigueur au Moyen-Orient. Pourtant, le résultat pourrait bien s’écarter des attentes des dirigeants israéliens. Si l’Iran sort indemne de ce conflit, elle sera contrainte de chercher de nouveaux moyens, plus efficaces, pour se défendre contre de futures attaques israéliennes. Nombre d’Iraniens estiment que cette guerre démontre la nécessité d’armer leur programme nucléaire civil. Plus que jamais auparavant, les voix qui, au sein de l’État iranien, appelaient à maintenir ce programme dans un cadre strictement pacifique ont été marginalisées.

À l’échelle nationale, aucun État ne ressort inchangé d’une guerre. Si la République islamique survit à ce conflit, elle pourrait être amenée à assouplir sa rigidité dans l’imposition des normes sociales, culturelles et politiques. Une future république islamique pourrait ainsi devenir moins rigide sur le plan religieux et se rapprocher davantage du modèle républicain, ouvrant la voie à l’émergence, au sein même du système, d’éléments plus modérés et pragmatiques. De nombreux responsables politiques iraniens — en particulier parmi les courants de gauche — évoquent depuis longtemps la nécessité d’une forme de réconciliation nationale. Si ces acteurs restent présents sur la scène politique

Conclusion

L’Iran n’est qu’un pion sur l’échiquier stratégique de Benyamin Netanyahou. Si l’on remonte brièvement dans le temps, on constate que l’attaque lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a fourni à Netanyahou le prétexte idéal pour déchaîner toute la puissance militaire israélienne sur Gaza. Peu après, il a mené des frappes contre le Liban, puis a pilonné la Syrie. Aujourd’hui, Israël est en guerre ouverte contre l’Iran — et rares sont ceux qui considèrent encore ce comportement comme normal. Certes, les dirigeants iraniens ne sont pas exempts de responsabilités : leur rhétorique belliqueuse appelant à « rayer Israël de la carte » remonte à plusieurs décennies. Mais répondre à cette rhétorique par des bombardements massifs ne constitue en rien une solution.

L’un des objectifs centraux de l’attaque menée par Netanyahou contre l’Iran est de détourner l’attention internationale de Gaza. Tandis qu’Israël et l’Iran échangent salves et contre-salves, le génocide perpétré à Gaza se poursuit sans relâche. De ce point de vue, Netanyahou semble avoir remporté une victoire : il est parvenu à éclipser, au moins temporairement, le drame de Gaza aux yeux du monde.

Notes

[1] Patrick Kingsley, Striking the Heart of the Iranian Regime, Netanyahu Looks to His Legacy, The New York Times, 23 juin 2025, consulté le 25 juin 2025, sur  : https://acr.ps/1L9zRAU.

[2] Israel Must Avoid an All-out, Destructive War of Attrition with Iran, Haaretz, 15 juin 2025, consulté le 25 juin 2025, sur : https://acr.ps/1L9zSjq.

[3] IAEA Director General’s Introductory Statement to the Board of Governors, International Atomic Energy Agency, 3 mars 2025, consulté le 25 juin 2025, sur: https://acr.ps/1L9zS6j.

[4] Robert E. Kelley, “Twenty years ago in Iraq, ignoring the expert weapons inspectors proved to be a fatal mistake”, Stockholm International Peace Research Institute, 9 mars 2023, sur: https://acr.ps/1L9zSek.

[5] “Libya After Qadhafi : Fragmentation, Hybridity, and Informality”, in : Mehran Kamrava (éd.), Fragile Politics: Weak States in the Greater Middle East (New York : Oxford University Press, 2016), p. 99–118

[6] IDF has seized more than 3,000 weapons in Syria since Dec. 8, Jewish News Syndicate, 15 juin 2025, consulté le 25 juin 2025, sur : https://acr.ps/1L9zRPX.

[7] Farnaz Fassihi, “Sheltering in a Bunker, Iran’s Supreme Leader Prepares for the Worst”, The New York Times, 21 juin 2025, consulté le 25 juin 2025, sur: https://acr.ps/1L9zSkC.

[8] Mehran Kamrava, “A Concise History of Revolution” (Cambridge : Cambridge University Press, 2020), p. 32.

[9] Mehran Kamrava, “Righteous Politics: Power and Resilience in Iran” (Cambridge : Cambridge University Press, 2023), p. 26–27.

[10] Hoornaz Keshavarzian & Nicole K. Stewart, “Make Iran great again: Apolitical influencers and the revival of a romantic patriarchal nationalism”, Communication, Culture & Critique, vol. 18, no 2 (2025), p. 164–175.

[11] Jack Houghton, “On the brink of power”, Journal of Global Faultlines, vol. 11, no 2 (2024), p. 245.

[12] Alireza Nader, Iran After the Bomb: How Would a Nuclear-Armed Tehran Behave? (Santa Monica, CA : RAND Corporation, 2013), p. 3–10.