COLLOQUE
Penser les sciences humaines et sociales dans les mondes arabes :
productions, circulations et réceptions contemporaines des savoirs
Colloque coorganisé par le Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (CAREP Paris) et la Chaire d’histoire contemporaine du monde arabe du Collège de France.
- Langues : arabe/ français
- Date : 8 et 9 février 2023
- Lieu : Collège de France, Amphithéâtre Maurice Halbwachs
- Entrée libre : dans la limite des places disponibles
Argumentaire
Depuis la fin du XVIIIe siècle, si on prend en compte le voyage en Égypte et en Syrie de Volney, les sciences humaines et sociales (SHS) en Occident s’intéressent au monde arabe. On trouve différentes approches que l’on peut définir soit comme une vérification sur le terrain d’hypothèses théoriques, soit au contraire la formulation d’hypothèses théoriques à partir de l’enquête de terrain. Ces approches comportent chacune des risques : plaquer des réalités autres sur ces sociétés d’une part, adopter sans perspective critique le discours de ces sociétés sur elles-mêmes d’autre part. Ces biais ont notamment pu être contournés par le développement d’approches comparatistes entre plusieurs sociétés, y compris européennes.
Les révolutions arabes de 2011 ont conduit à une réévaluation de ces différentes approches dans la mesure même où elles n’ont pas permis une prédiction de ces mouvements et n’ont pu en donner une intelligibilité immédiate (Bennani-Chraïbi et Fillieule, 2012).
Par ailleurs, peu de chercheurs européens se sont penchés sur l’impact de ces soulèvements pour les SHS arabes (Catusse, Signoles et Siino, 2015). En revanche, du côté des acteurs concernés, les soulèvements de 2011 ont fait émerger des analyses ancrées dans les réalités du terrain et redonné la voix aux chercheurs arabes dans la production de récits sur leurs propres sociétés (Bayat, 2021).
Dans ce contexte, penser les SHS dans les mondes arabes c’est d’abord penser les transferts de compétences entre un savoir né en Occident et sa production sur le terrain. S’y ajoute la difficile question des rapports entre les régimes autoritaires et la production du savoir. D’autant que parallèlement l’Etat est lui-même devenu producteur d’informations statistiques indispensables pour sa gestion et a eu besoin d’interprétations de ces données. Les SHS arabes se sont donc trouvées prises en étau entre les modèles théoriques largement empruntés à l’extérieur (qui diffèrent d’ailleurs selon leurs milieux de provenance) et les contrôles étatiques cherchant à limiter le rôle des SHS à une simple exploitation technique et apolitique des données statistiques.
Peut-on alors parler de « SHS arabes » comme étant une entité à part entière ? En effet, la production des idées et des savoirs en SHS dans les pays arabes est très variable d’un pays à l’autre. Ainsi, dans les pays du Golfe, l’héritage anglo-saxon est très marqué, tandis qu’il emprunte plutôt à la conception française des SHS dans les pays du Maghreb (El Kenz, 2006). Il en résulte un paysage de recherche fragmenté, non seulement déconnecté des préoccupations sociétales, mais aussi de l’université, lieu emblématique de production du savoir en SHS. D’autres lieux de production des connaissances moins liés aux instances étatiques, tels que des think tanks ou des associations savantes, se sont imposés dans le paysage depuis au moins deux décennies. Ainsi, aujourd’hui les bailleurs de fonds privés jouent un rôle majeur dans le financement des SHS, favorisant l’émergence des consultants-experts plutôt que le développement d’une recherche fondamentale.
Cette tendance au financement privé de la recherche s’est accélérée à la suite des événements du 11 septembre 2001, avec l’idée selon laquelle les sciences sociales devraient être politiquement « utiles ». Après l’échec des tentatives américaines de démocratiser « de l’extérieur » d’abord l’Afghanistan puis l’Irak, on constate une volonté grandissante des bailleurs de fonds et des fondations étrangères de financer des formations en SHS dans les pays arabes visant à former une “société de connaissance” (UNDP, 2003). C’est ainsi qu’il faut entendre l’émergence en 2006 du Conseil Arabe pour les Sciences Sociales (CASS) à Beyrouth, financé par la Fondation Ford, l’International Development Research Center du Canada et l’Agence suédoise de coopération pour le développement (SIDA).
Parallèlement, des initiatives financées et dirigées exclusivement par des acteurs arabes ont également vu le jour, comme en témoigne la création du Centre arabe de recherche et d’études politiques à Doha en 2010, ouvrant la voie à de nouveaux réseaux universitaires. Ces derniers sont de plus en plus structurés autour de » communautés » transnationales de chercheurs. Si l’analyse des circuits de financement fragilise une lecture strictement Nord-Sud ; elle met également en exergue la reproduction d’inégalités structurelles voire l’émergence de nouvelles dissymétries entre chercheurs locaux et chercheurs internationaux. Cette redéfinition des conditions de production des SHS implique aussi la nécessité, pour le chercheur, de s’approprier des cadres normatifs et principes « éthiques » uniformisés freinant la créativité et la liberté académique.
Penser les SHS dans les mondes arabes nécessite également de réfléchir à la réception de notions forgées en Occident et transférées en contexte arabe. À cet égard, l’exemple des gender studies donne à voir l’étendue des appropriations-réappropriations de la pensée féministe à l’échelle locale. Certains chercheur-es reprennent ainsi à leur compte ces idées venues d’Occident ; ils/elles s’en font même souvent les porte-voix. D’autres encore privilégient une utilisation située de ces concepts (Mahmood, 2005).
La réception de ces paradigmes en terrain arabe dépend également de la langue dans laquelle le savoir est produit, car derrière le langage se cachent toujours des enjeux de pouvoir et de domination (Bourdieu, 2014). La diversité des langues des SHS dans le monde arabe introduit un questionnement sur les « querelles linguistiques » au sein de la communauté scientifique allant jusqu’à provoquer des divergences terminologiques et conceptuelles. C’est pourquoi l’achèvement de l’arabisation dans l’enseignement supérieur et la recherche demeure au centre des préoccupations pour favoriser l’unité des « SHS arabes » d’une part et leur diffusion à l’international d’autre part. Car, plus l’arabe s’impose comme une langue de recherche, mieux sa traduction et sa diffusion se porteront (Jacquemond, 2007).
À l’heure de la mondialisation et le développement des technologies d’information et de communication, la diffusion des SHS arabes doit, elle aussi, composer avec le tout numérique. L’arrivée des bases de données en ligne est d’autant plus importante à étudier puisqu’elles ont pour vocation de démocratiser l’accès au savoir. Même si de nouvelles bases de données arabes ont vu le jour ces dernières années, les productions en langue arabe restent peu représentées dans celles fréquemment utilisées en Occident.
Mais ces évolutions technologiques de la recherche ne doivent pas nous faire perdre de vue que la circulation des connaissances passe encore et malgré tout par l’accès aux bibliothèques, aux archives, aux lieux de discussions et d’échanges scientifiques qu’il s’agit de développer et d’encourager à travers des mobilités d’étudiants et de chercheurs, mais aussi des coopérations scientifiques entre institutions de recherche.
Au-delà de ces questionnements, l’intérêt de ce colloque est bien évidemment de souligner l’importance des SHS dans la construction et la connaissance des mondes arabes et les rapports complexes qu’ils entretiennent avec l’Autre, en particulier l’Occident.
Programme du colloque
JOURNÉE 1
9h00 I Accueil des participants
9h30 I Mot d’ouverture par Henry LAURENS
9H40 – 10h00 I Mot de bienvenue par Salam Kawakibi
10h15 – 10h30 I Pause-café
10h30 – 12h30 I PANEL 1 : Production des savoirs en SHS arabes : émergence, lieux, acteurs
Modérateur et discutant : Henry LAURENS, Collège de France
- Sari HANAFI, Université américaine de Beyrouth : Les sciences sociales arabes : acteurs, tendances et paradigmes
- Mehdi GHOUIRGATE, Université de Bordeaux III : La place du colonial dans la construction des SHS arabes : le cas d’Ibn Khaldûn
- Elizabeth KASSAB, Institut des hautes études de Doha : L’impact des sciences sociales sur l’étude de la pensée arabe contemporaine après 2011
- Abdelwahab EL-AFFENDI, Institut des hautes études de Doha : La pauvreté de la science politique : réflexion sur la crise de la discipline dans et sur le monde arabe
12h30 – 14h00 I Pause déjeuner à la Cafétéria du Collège
14h00 – 16h00 I PANEL 2 : Circulations transnationales des SHS arabes : réseaux et financements
Modérateur et discutant : Eberhard KIENLE, CNRS / SciencesPo-CERI
- Thomas BRISSON, CNRS : Les intellectuels arabes à Paris, les sciences sociales et l’orientalisme : logiques et stratégies d’un débat scientifique (années 1950-1970)
- Sari HANAFI, Université américaine de Beyrouth : Impact des financements sur la recherche en sciences sociales dans le monde arabe
- Agnès FAVIER, Institut universitaire européen: Mettre en réseau les chercheurs : opportunités et limites des circulations transnationales
- Mohammed BAMYEH, Université de Pittsburgh : Penser le savoir en temps révolutionnaire : l’expérience du Conseil arabe des sciences sociales
16h00 – 16h15 I Pause-café
16h15 – 18h15 I PANEL 3 : Réceptions des savoirs entre mimétisme, (re)appropriation et contestation : le féminisme en voyage
Modérateur et discutant : Leyla DAKHLI, CNRS
- Sonia DAYAN-HERZBRUN, Université de Paris 7 : À contre-voie : femmes arabes et musulmanes sujets de leur histoire
- Hoda ELSADDA, Université de Manchester : Women and Gender Studies in the Arab world: A Geopolitical Approach
- Zahra ALI, Rutgers University : Des Savoirs Féministes en Irak : Approches Transnationales et Postcoloniales
- Rola EL HUSSEINI, Université de Lund : Les instrumentalisations du genre par les régimes autoritaires arabes
JOURNÉE 2
9h00 I Accueil des participants avec petit déjeuner
9h30 – 11h00 I PANEL 4 : Traduire les SHS de et vers l’arabe
Modérateur et discutant : Rania SAMARA, professeure de lettres et de traductologie, traductrice littéraire
- Lamiss AZAB, Sciences Po Paris : D’une langue à l’autre : traduire des concepts, penser le terrain
- Richard JACQUEMOND, Université Aix-Marseille / IREMAM : Les politiques arabes de soutien à la traduction en sciences humaines et sociales
- Nibras CHEHAYED, Ifpo Beyrouth : Traduire les intraduisibles : le cas du Vocabulaire européen des philosophies
11h00 – 12h30 I PANEL 5 : Les SHS arabes à l’ère du numérique
Modérateur et discutant : Mercedes VOLAIT, CNRS
- David WRISLEY, NYU Abu Dhabi : Place des humanités numériques dans le monde arabe : enjeux, acteurs et mise en oeuvre
- Mohamed BEN ROMDHANE, Université de la Manouba : Le libre accès aux ressources scientifiques arabes en SHS
- Aze-Eddine BOUCHIKHI, Institut des hautes études de Doha : Le numérique au service du savoir local : le cas du dictionnaire historique de la langue arabe
12h30 – 13h00 I CONCLUSIONS par Henry LAURENS
13h00 – 14h30 I Déjeuner
Biographies des intervenants
Abdelwahab EL-AFFENDI
Professeur, Institut des hautes études de Doha
Président de l’Institut des hautes études de Doha depuis septembre 2020, Abdelwahab el-Affendi a précédemment occupé les fonctions de doyen de la Faculté des sciences humaines et sociales et de responsable du programme Sciences politiques et relations internationales dans ce même institut (2015-2017). Il a aussi été maître de conférences et coordinateur du programme Démocratie et islam à l’Université de Westminster. Ancien diplomate au ministère des Affaires étrangères du Soudan (1990-1997), Abdelwahab el-Affendi a également travaillé comme journaliste à Londres, où il a été directeur et rédacteur en chef de plusieurs publications (1982-1990).
Zahra ALI
Professeure adjointe, Université de Rutgers-Newark
Zahra Ali est sociologue et professeure adjointe à l’Université de Rutgers-Newark. Ses recherches explorent les dynamiques des femmes et du genre, les mouvements sociaux et politiques, en relation avec l’Islam, le Moyen-Orient et les contextes de guerre et de conflit, avec un focus particulier sur l’Irak contemporain. Elle s’intéresse à l’empire, au capitalisme (racial), à la (post)colonialité, aux féminismes transnationaux ainsi qu’à la production de connaissances et aux épistémologies critiques. Ali est l’auteur de Women and Gender in Iraq (Cambridge University Press, 2018), et co-auteur de Decolonial Pluriversalism (Rowman & Littlefield, Creolizing the Canon series, à paraître avec Sonia Dayan-Herzbrun).
Lamiss AZAB
Responsable pédagogique, École d’affaires internationales de Sciences Po
Lamiss Azab est politiste, traductologue et responsable pédagogique à l’École d’affaires internationales de Sciences Po.
Mohammed BAMYEH
Professeur, Université de Pittsburgh
Mohammed Bamyeh est actuellement président du conseil d’administration du Conseil arabe des sciences sociales (CASS) et professeur de sociologie à l’Université de Pittsburgh (États-Unis). Il est l’auteur ou l’éditeur de 12 ouvrages dans des domaines tels que la sociologie de la connaissance, les études islamiques, les mouvements sociaux et la vie associative. Certaines parties de son travail ont été traduites en arabe, turc, allemand, français, espagnol, portugais, chinois et coréen.
Mohamed BEN ROMDHANE
Chercheur, Université de la Manouba
Mohamed Ben Romdhane est diplômé en sciences de l’information et de la communication de l’université Jean-Moulin Lyon 3 en 2001. Depuis 2001, il est nommé chercheur à l’Institut supérieur de documentation de l’Université de la Manouba, en Tunisie. Ses recherches portent sur le mouvement du libre accès en général et dans le monde arabe en particulier. À cet effet, il a organisé un colloque international sur l’open access ICOA en 2014 et 2016 en Tunisie et en 2018 au Maroc. Ses travaux de recherche sont également orientés vers la lecture numérique et la structuration des documents numériques scientifiques et pédagogiques.
Aze-Eddine BOUCHIKHI
Professeur de linguistique, Institut des hautes études de Doha
Aze-Eddine Bouchikhi a été directeur adjoint de la recherche académique et la coopération à l’Université Moulay Ismail à Meknès, au Maroc, et a été directeur du Centre d’études doctorales, directeur du Centre académique d’enseignement de la langue et de la civilisation arabes, directeur du Laboratoire d’études appliquées et Linguistique computationnelle, responsable du département de langue arabe et coordinateur pédagogique du parcours d’études arabes. Il est aujourd’hui directeur exécutif du projet du dictionnaire historique de la langue arabe à Doha. Bouchikhi a obtenu son doctorat avec distinction en linguistique en 1988 de l’Université Moulay Ismail à Meknès, au Maroc.
Thomas BRISSON
Professeur, Université Paris 8
Thomas Brisson est professeur de science politique à l’université Paris 8 et chercheur au Cresppa-LabTop (CNRS Paris). Il est l’auteur de Les intellectuels arabes en France. Migrations et échanges intellectuels (2008) et Décentrer l’Occident. Les intellectuels chinois, arabes et indiens et la critique de la modernité occidentale (2018).
Nibras CHEHAYED
Chercheur, Ifpo
Nibras Chehayed est chercheur à l’Institut français du Proche-Orient au Liban. Il a publié des études philosophiques, esthétiques et littéraires comme La destructivité en œuvres. Essai sur l’art syrien contemporain (2021, avec Guillaume de Vaulx) et Le corps aux fils de l’écriture. Nietzsche après Derrida (2020), et a dirigé des collectifs comme Mots de chair et de sang. Écrire le corps en Syrie (2022, avec Emma Aubin-Boltanski) et Images de chair et de sang. Penser le corps en Syrie (2021). Il travaille actuellement à la traduction du dictionnaire encyclopédique du lexique philosophique européen, le Vocabulaire européen des philosophies
Leyla DAKHLI
Chargée de recherche, CNRS
Leyla Dakhli est historienne, spécialiste de l’histoire intellectuelle et sociale du monde arabe contemporain. Elle est chargée de recherche au CNRS, affectée au Centre d’Histoire sociale des mondes contemporains (Aubervilliers). Après une thèse sur les intellectuels syro-libanais au début du XXe siècle, publiée sous le titre Une Génération d’intellectuels arabes. Syrie-Liban, 1908-1940 (Karthala, 2009), elle s’est consacrée à des travaux sur les mobilisations féminines et les féminismes. Ses analyses des mondes intellectuels l’ont également amenée à s’intéresser aux formes d’appartenance aux nations et aux identités, par exemple en explorant la question des diasporas intellectuelles et des langues d’écriture à travers les mondes du Mahjar américain. Elle a publié deux synthèses sur le Moyen-Orient contemporain (Histoire du Proche-Orient contemporain, « Repère » La Découverte, 2015 ; Le Moyen Orient fin XIXe-XXe siècle, éditions du Seuil, 2016). Elle dirige depuis 2018 un projet de recherche sur les révoltes et révolutions dans le monde arabe depuis les années 1950. Elle a récemment publié L’Esprit de la révolte. Archives et actualité des révolutions arabes, (Seuil, 2020) et, avec Amin Allal, Layla Baamara et Giulia Fabbiano, Cheminements révolutionnaires. Un an de mobilisations en Algérie (2019-2020), CNRS éditions, 2021.
Sonia DAYAN-HERZBRUN
Professeure émérite, Université de Paris-Cité
Professeure émérite en sociologie politique et en études féministes à l’université de Paris-Cité. Auteure de nombreux ouvrages et articles, elle dirige la revue Tumultes et elle est membre du comité de rédaction d’En attendant Nadeau. Derniers ouvrages publiés : Rien qu’une vie (Hémisphères, juin 2022), L’impensé colonial des sciences sociales (en collaboration avec Aïssa Kadri), Tumultes/Kimé, octobre 2022.
Hoda ELSADDA
Professeure, Université du Caire
Hoda Elsadda est professeure d’anglais et de littérature comparée à l’université du Caire, militante féministe pour les droits des femmes. Elle a cofondé en 1995 le Women and Memory Forum, (www.wmf.org.eg). Ses recherches portent sur les études de genre, la littérature comparée et l’histoire orale. Elle est l’auteure de Gender, Nation and the Arabic Novel : Egypt : 1892-2008 (Edinburgh UP et Syracuse UP, 2012) ; et co-éditrice de Oral History in Times of Change : Gender, Documentation and the Making of Archives (Cairo Papers, 35:1, 2018).
Agnès FAVIER
Professeure, Institut universitaire européen
Agnès Favier est professeure à temps partiel au programme Middle East Directions du Centre Robert Schuman pour les études avancées, à l’Institut universitaire européen (IUE, Florence, Italie). Elle dirige l’Initiative Syrie ; elle est la conseillère scientifique du projet Syrian Trajectories (2022-2023) et a été la directrice du projet Wartime and Post-Conflict in Syria (WPCS) (2018-2022). Favier est une politologue spécialisée dans la politique comparée et les conflits au Moyen-Orient, avec un accent particulier sur le Liban et la Syrie. Elle a travaillé sur les transformations sociales et politiques en Syrie après 2011. Ses recherches portent sur les mouvements sociaux et les mobilisations de jeunes, la gouvernance locale et les élites politiques, les conflits armés et la résolution des conflits. Auparavant, elle a été chercheuse senior à l’Institut français du Proche-Orient (Beyrouth), et chercheuse postdoctorale au Collège de France (Paris).
Mehdi GHOUIRGATE
Maître de conférences, Université Bordeaux III
Mehdi Ghouirgate est maître de conférences à l’université de Bordeaux-Montaigne. En plus d’un doctorat, il est titulaire d’une habilitation à diriger des recherches obtenue à l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess) en 2019. Il est spécialiste de l’histoire de l’Occident musulman (Maghreb et al-Andalus) aux époques médiévale et moderne. Il s’attache à revisiter cette histoire à partir d’une approche résolument pluridisciplinaire qui fait appel, entre autres, à l’anthropologie, l’économie, l’histoire militaire et à la démographie. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages et articles publiés dans des revues à comité de lecture internationale, principalement en français mais aussi en anglais et en espagnol. Il a également été invité à donner des cours et des conférences dans des universités aux États-Unis, en Chine, en Espagne et au Maroc.
Sari HANAFI
Professeur, Université américaine de Beyrouth
Sari Hanafi est professeur de sociologie, directeur du Centre d’études arabes et moyen-orientales et président du programme d’études islamiques de l’Université américaine de Beyrouth. Il est le président de l’Association internationale de sociologie et était vice-président du Conseil arabe pour les sciences sociales. Il est également rédacteur en chef d’Idafat : le journal arabe de sociologie. Titulaire d’une thèse obtenue à l’EHESS en 1994, son parcours universitaire l’a ensuite mené en Italie, en Norvège et en Égypte. Il est l’auteur de nombreux articles et de 18 livres dont The Oxford Handbook of the Sociology of the Middle East (avec A. Salvatore et K. Obuse) et Knowledge Production in the Arab World : The Impossible Promise (avec R. Arvanitis). En 2019, il a reçu un doctorat honorifique de l’Université nationale de San Marcos. Son ouvrage en préparation, intitulé Ethics, religion and dialogical sociology, propose une réflexion sur la religiosité croissante dans différents espaces géographiques, et se situe au croisement de la sociologie politique et de la philosophie morale.
Rola EL-HUSSEINI
Professeure associée, Université de Lund
Rola El-Husseini est professeure associée au département de sciences politiques de l’université de Lund. Elle travaille à l’Université de Lund depuis septembre 2017. Elle est titulaire d’un doctorat de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris, en France, et a été boursière postdoctorale à l’Université de Yale. Elle possède une vaste expérience professionnelle aux États-Unis et a occupé des postes d’enseignement et/ou de recherche à l’Université A&M du Texas, au CUNY-Graduate Center et à l’Université George Washington. Son premier livre, Pax Syriana : Elite Politics in Post-war Lebanon a été publié par Syracuse University Press en 2012. Elle rédige actuellement le manuscrit d’un livre sur la représentation politique des femmes dans huit États du Moyen-Orient depuis les soulèvements arabes.
Richard JACQUEMOND
Professeur, IREMAM
Richard Jacquemond est professeur de langue et littérature arabes modernes et directeur (2018-23) de l’IREMAM (Aix-Marseille Université et CNRS, Aix-en-Provence). Il est spécialiste de littérature égyptienne en particulier (Entre scribes et écrivains. Le champ littéraire dans l’Egypte contemporaine, 2003 ; en codirection avec Frédéric Lagrange : Culture pop en Egypte. Entre mainstream commercial et contestation, 2020), et également traducteur de plus de 20 ouvrages, presque tous d’auteurs égyptiens. Ses recherches portent également sur les échanges traditionnels entre l’arabe et les autres langues (nombreux articles parus sur le sujet depuis 1992).
Elizabeth Suzanne KASSAB
Professeur, Institut des hautes études de Doha
Elizabeth Suzanne Kassab a étudié la philosophie à l’université américaine de Beyrouth et à l’Université de Fribourg (Suisse). Elle a enseigné au Liban à l’Université américaine de Beyrouth et à l’Université de Balamand et a été professeure invitée dans un certain nombre d’universités en Europe et aux États-Unis, notamment à Bonn, Columbia, Yale et Brown. Ses recherches portent sur les philosophies occidentales et postcoloniales de la culture, avec un intérêt particulier pour la pensée et la philosophie arabes contemporaines. Elle a reçu le Sheikh Zayed Book Award 2013 à Abu Dhabi dans la catégorie « Contribution au développement des nations » pour la version arabe de son livre Contemporary Arab Thought : Cultural Critique in Comparative Perspective (Columbia University Press, 2010). Son dernier livre intitulé Enlightenment on the Eve of Revolution. The Egyptian and Syrian Debates (Columbia University Press, 2019) a également été traduit en arabe. Depuis 2016, elle est professeure associée de philosophie à l’Institut des hautes études de Doha, au Qatar.
Salam KAWAKIBI
Directeur du CAREP Paris
Chercheur en sciences politiques, Salam Kawakibi est directeur du CAREP Paris. Ancien directeur adjoint à l’Arab Reform Initiative, professeur associé à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il est également président de l’association « Initiative pour une Syrie nouvelle ».
Diplômé de troisième cycle en sciences économiques, relations internationales et sciences politiques des universités d’Alep et Aix-en-Provence, il occupe les fonctions de chercheur principal de 2009 à 2011 à la faculté de sciences politiques de l’université d’Amsterdam. De 2000 à 2006, il dirige l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) à Alep. Il est membre du conseil consultatif de la Fondation assemblée des citoyens et citoyennes de la Méditerranée (FACM) et membre de la rédaction de la revue Confluences Méditerranée. Il est aussi membre du conseil consultatif de l’organisation Ettijahat-Independent Culture.
Eberhard KIENLE
Directeur de recherche, CNRS
Eberhard Kienle est Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et enseigne la politique à Sciences Po Paris. Il a précédemment géré le portefeuille de la gouvernance à la Fondation Ford du Caire et a été directeur de l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) à Beyrouth. Sur le plan thématique, il s’intéresse aux politiques économiques et sociales, à la transformation des régimes politiques, ainsi qu’à l’érosion et à la désintégration des États contemporains. Géographiquement, il s’est concentré sur l’Égypte et le Croissant fertile. Il a notamment publié Ba’th versus Ba’th : The conflict between Syria and Iraq, 1968-1989 (Londres, I.B. Tauris, 1990), A Grand Delusion : Democracy and Economic Reform in Egypt (Londres, I.B. Tauris, 2001), et Egypt : A Fragile Power (Londres, Routledge, 2022).
Henry LAURENS
Professeur, titulaire de la chaire Histoire contemporaine du monde arabe, Collège de France
Henry Laurens est Docteur d’État et agrégé d’histoire, il est reconnu comme l’un des grands spécialistes du Moyen-Orient. Henry Laurens est professeur au Collège de France (titulaire de la chaire Histoire contemporaine du monde arabe) et à l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales). Il a par ailleurs été directeur du Centre d’études et de recherches sur le Moyen-Orient Contemporain (CERMOC) à Beyrouth puis directeur scientifique de l’Institut Français du Proche-Orient (Ifpo). Henry Laurens s’intéresse notamment à l’étude des relations entre Israël et le monde arabe. En 2004, il a reçu le Prix Joseph du Theil de l’Académie des Sciences morales et politiques, ainsi que le Prix de l’amitié franco-arabe de l’Association de solidarité franco-arabe. Henry Laurens est l’auteur de nombreux ouvrages.
Rania SAMARA
Professeure de lettres et de traductologie, traductrice littéraire
Rania Samara est professeure de lettres et de traductologie à l’Université de Damas et fondatrice du Centre de Langue française appliquée. Elle est professeure associée à la Sorbonne nouvelle en traductologie et en littérature arabe et co-directrice du séminaire de littérature arabe à l’IISMM/EHESS. Elle occupe également les fonctions de conseillère auprès de l’OIF pour le prix de traduction, ainsi qu’auprès du Salon du livre de Genève pour la littérature arabe. Elle a traduit vers le français une trentaine de romans, de recueils de nouvelles et de poésie et de pièces de théâtres.
Mercedes VOLAIT
Directrice de recherche, CNRS
Mercedes Volait est historienne de l’art, spécialiste de l’Égypte contemporaine, directrice de recherche au CNRS et co-pilote du consortium Huma-Num DISTAM (Digital studies Africa Asia Middle East) hébergé par l’unité Études aréales du Campus Condorcet.
David Joseph WRISLEY
Professeur, New York University Abu Dhabi
David Joseph Wrisley est professeur permanent en humanités numériques à la New York University d’Abu Dhabi (Émirats arabes unis). Titulaire d’un doctorat en langues et littérature romanes avec une spécialisation en littérature médiévale, Wrisley est expert dans l’application des outils et des méthodes des humanités numériques dans les contextes multilingues et non-anglophones. Ses recherches actuelles portent sur l’élaboration des modèles de reconnaissance d’écriture manuscrite et les applications de l’apprentissage automatique dans l’étude des sources archivistiques. Il s’intéresse également à l’acquisition de données à partir des corpus historiques notamment les noms propres. Depuis plus de 20 ans, il est engagé dans l’interdisciplinarité et la collaboration dans le monde arabe. Il a été professeur à l’université américaine de Beyrouth (Liban) entre 2002-2016. Il a collaboré avec différentes équipes de recherches au Canada, en Allemagne, en Amérique latine et dans les pays arabes, où il a créé et présenté de nombreuses formations liées au domaine des humanités numériques. Par ailleurs, il codirige l’équipe de recherche OpenGulf.