L’Institut du monde arabe (IMA), en collaboration avec le Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (CAREP), lance la première édition du Sommet international des pensées arabes, dans l’objectif de faire découvrir les pensées arabes contemporaines dans toute leur diversité.
En Français
En Arabe
- Comité d’organisation : Salam Kawakibi (CAREP), Leila Seurat (CAREP), Racha Abazied (CAREP), Mathieu Gousse (IMA), Frédérique Mehdi (IMA), Zoubida Debbagh (IMA).
- Langue : Français / Arabe
- Lieu : IMA, 1, rue des Fossés Saint-Bernard 75005 Paris
- Dates : 14 & 15 novembre 2024
Diffusion en direct de la 2ème journée :
- En français : https://www.youtube.com/watch?v=5escDNe_lpE&ab_channel=CAREPParis
- En arabe : https://fb.watch/vSTMVVT9i8/
Replay de la 1ère journée :
- En français : https://www.youtube.com/watch?v=5escDNe_lpE&ab_channel=CAREPParis
- En arabe : https://fb.watch/vRAApWGUt5/
Présentation
On ne connaît bien souvent de la pensée arabe que son passé lointain, son âge d’or médiéval culminant à Al-Andalus où les sciences arabes fleurissaient, dialoguaient et innervaient les savoirs du monde entier. Au-delà de cette perception nostalgique, la pensée arabe – ses grandes figures, ses courants, ses enjeux – reste largement méconnue en France.
Existe-t-il une pensée spécifique au monde arabe ? Si oui, comment la définir ? Quels en sont les thèmes structurants ? Comment évoluent les supports de production et de circulation des savoirs ? L’Institut du monde arabe, en collaboration avec Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (CAREP), nous fait découvrir les pensées arabes contemporaines dans toute leur diversité.
Parrainé par Edgar Morin, le Sommet international des pensées arabe entend répondre à un triple objectif :
- Affirmer la vitalité de la production intellectuelle arabe ;
- Mettre en lumière les figures majeures qui participent à la production et à la circulation des idées et des savoirs ;
- Promouvoir l’échange entre les pensées arabe et européenne à travers des temps de rencontres et de discussions.
Ce sommet, à l’instar des podcasts et des publications de l’Institut du monde arabe, s’inscrit dans une politique éditoriale volontariste qui vise à ouvrir au plus grand nombre la richesse intellectuelle des mondes arabes. Il répond aussi à l’objectif du CAREP de favoriser la connaissance de la pensée arabe en France.
Programme
JEUDI 14 NOVEMBRE
› 10h15 | Introduction
Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe ; Edgar Morin, sociologue et philosophe ; Salam Kawakibi, directeur du CAREP ; Leïla Seurat et Mathieu Gousse, pour le comité d’organisation.
› 11h – 12h15 | Panel 1 : La pensée arabe en révolution
En quoi les soulèvements de 2011 constituent-ils une césure dans la production intellectuelle arabe ? Ce premier panel vise à explorer les liens entre les idées politiques et les processus révolutionnaires en interrogeant aussi bien le rôle des idées dans le déclenchement des soulèvements que la manière dont les révoltes ont contribué à bousculer, façonner et transformer les outils théoriques et analytiques.
Avec :
– Leyla Dakhli est docteure et agrégée en histoire, spécialiste de l’histoire intellectuelle et sociale du monde arabe contemporain. Elle est actuellement chargée de recherche au CNRS, affectée au Centre Marc Bloch (Berlin). Ses recherches portent principalement sur l’histoire des mouvements sociaux et des mondes intellectuels dans le monde arabe contemporain. Elle a publié des ouvrages tels que L’Esprit de la révolte: Archives et actualité des révolutions arabes (2020) et Une génération d’intellectuels arabes – Syrie et Liban (1908-1940) (2009).
– Le professeur Yadh Ben Achour est spécialiste de droit public et des théories politiques islamiques. Il est membre de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts. Après la révolution tunisienne, il a été nommé président de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont L’éthique des révolutions (2023) ; La révolution, une espérance (2022); L’islam et la démocratie. Une révolution intérieure (2020) ; La deuxième Fatiha. L’islam et la pensée des droits de l’homme (2011) ; Aux fondements de l’orthodoxie sunnite (2008).
– Fadi A. Bardawil est anthropologue et professeur au sein du département des études asiatiques et moyen-orientales à l’Université Duke. Ses travaux portent sur les traditions de la recherche intellectuelle et les formes d’engagement politique des penseurs arabes contemporains, ainsi que sur la diffusion internationale des traditions diverses de la théorie critique. Il est l’auteur de Revolution and Disenchantment: Arab Marxism and the Binds of Emancipation (Duke University Press, 2020).
– Modéré par Elizabeth Suzanne Kassab. Après des études à l’Université américaine de Beyrouth, Elizabeth Suzanne Kassab a obtenu son doctorat en philosophie de l’Université de Fribourg en Suisse. Elle a enseigné et fait des séjours de recherche dans plusieurs universités libanaises, allemandes et américaines. Elle s’intéresse en particulier à la philosophie de la culture occidentale et post-coloniale et travaille depuis des années sur la pensée arabe contemporaine. Elle est l’auteure de Contemporary Arab Thought. Cultural Critique in Comparative Perspective (2010) et Enlightenment on the Eve of Revolution. The Egyptian and Syrian Debates (2019).
› 13h30 – 14h45 | Panel 2 : Inventer un média indépendant
Bien qu’antérieurs aux soulèvements, les médias arabes indépendants n’ont cessé de se multiplier depuis 2011. En croisant différentes perspectives du Maghreb au Golfe, ce panel vise à explorer l’impact de ces nouveaux médias sur la fabrique des idées et des imaginaires politiques des sociétés arabes. Il s’agit de saisir la manière dont ils ont contribué à renouveler les différents paradigmes mobilisés dans les champs militants, politiques, associatifs, intellectuels et académiques.
– Lina Attalah est une journaliste égyptienne et rédactrice en chef du média indépendant Mada Masr, qu’elle a fondé en 2013. Tout au long de sa carrière, Lina Attalah a couvert des événements majeurs tels que la révolution égyptienne de 2011, la guerre en Syrie, les élections présidentielles en Iran en 2013, ainsi que les crises récurrentes à Gaza, se distinguant par son engagement pour la liberté de la presse et la vérité journalistique.
– Professeur à l’Université américaine de Beyrouth, Samer Frangie se spécialise en théorie sociale et en pensée politique arabe. Ses recherches portent principalement sur l’analyse des désillusions politiques et sociales dans le monde arabe contemporain, en particulier entre 1967 et 2011. Ses travaux ont été publiés dans des ouvrages collectifs et des revues académiques telles que Modern Intellectual History, International Journal of Middle East Studies et European Journal of Social Theory. Il est également rédacteur en chef de Megaphone News.
– Malek Khadhraoui, originaire de Tunisie, est journaliste, formateur et directeur de publication d’Inkyfada, un média indépendant tunisien consacré au journalisme d’investigation et aux reportages longs. Il est aussi directeur exécutif d’Al Khatt, une organisation qui soutient le journalisme indépendant et aide à créer un contenu journalistique militant.
– Modéré par Alain Gresh, journaliste et essayiste français reconnu pour son expertise sur le Moyen- Orient. Ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, il est aujourd’hui directeur d’Orient XXI, un média en ligne indépendant lancé en 2013, dédié à l’analyse approfondie du monde arabe. Sous sa direction, Orient XXI réunit un collectif de chercheurs, journalistes, universitaires, et diplomates spécialisés dans la région. Il vient de publier Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir (éditions Les liens qui libèrent).
› 15h – 16h15 | Panel 3 : Penser le féminisme arabe
Donnant la parole à des chercheuses et à des militantes, cette rencontre soulève la question des appropriations multiples de la pensée féministe dans le monde arabe. Si les idées circulent, notamment par la voie des multiples ONG, le féminisme arabe est aussi une pensée endogène, critique de l’idée d’un féminisme universel « blanc ».
– Hoda Elsadda est une militante féministe, professeure d’anglais et de littérature comparée à l’Université du Caire, et cofondatrice du Women and Memory Forum. Ses recherches portent sur les études de genre, la littérature comparée et l’histoire orale. Elle est l’auteure de Gender, Nation and the Arabic Novel: Egypt: 1892-2008, et coéditrice de Oral History in Times of Change: Gender, Documentation and the Making of Archives.
– Islah Jad est professeure agrégée en études de genre et développement à l’Université de Birzeit. Elle est cofondatrice et directrice actuelle de l’Institut d’études sur les femmes à Birzeit, ainsi que membre du groupe de travail sur les familles arabes. Figure importante du mouvement des femmes palestiniennes, elle a contribué à la création du Centre des affaires féminines à Gaza et Naplouse, ainsi que d’autres projets liés aux droits des femmes. Islah Jad a également travaillé comme consultante en genre pour le Programme des Nations Unies pour le développement. Elle détient un doctorat en études de genre et développement de l’Université de Londres.
– Aminetou Mint El-Moctar est une militante emblématique des droits humains en Mauritanie et présidente de l’Association des femmes chefs de ménage. Elle dédie sa vie à militer contre le système patriarcal de son pays, les mariages forcés, le système de caste ou encore l’esclavage.
– Modéré par Amel Mahfoudh, sociologue, elle a une expérience en enseignement et recherche. Elle a été assistante d’enseignement à l’Université de Montréal (2002-2005, 2008) et à l’UNIL (2012) dans le cours « Genre, citoyenneté et construction de l’Autre ». Elle a collaboré à plusieurs projets de recherche sur les thématiques de la migration et l’insertion sociale et professionnelle des immigrants. Elle travaille actuellement en tant qu’adjointe scientifique à la la Haute École spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO).
› 16h30 – 17h45 | Panel 4 : Comment se situer aujourd’hui par rapport à l’héritage arabo-islamique ?
La défaite de 1967 a profondément marqué la pensée arabe, consacrant la rupture entre d’une part les partisans d’un retour aux sources arabo-islamiques, d’autre part ceux qui prônent au contraire la sortie d’une « culture de l’héritage » (al-Tourâth). Pour ces derniers, seule une analyse scientifique du texte coranique peut permettre de réformer l’islam, étape essentielle à une réforme plus globale. Ce panel entend faire la part belle aux critiques de cette vision, souvent accusée de déconnexion avec les réalités des sociétés arabes.
– Aziz Al-Azmeh, professeur émérite à l’Université d’Europe centrale (CEU), à Vienne. Il est l’auteur de nombreux ouvrages en arabe et en anglais, traduits en plusieures langues, dont Secularism in the Arab World (Edinburgh, 2020), The Emergence of Islam in Late Antiquity (Cambridge, 2014), Islams and Modernities (Londres, 2009), Muslim Kingship (Londres, 1996), Arabic Thought and Islamic Societies (Londres, 1986), Ibn Khaldun (Londres, 1982). Son ouvrage L’Obscurantisme postmoderne et la question musulmane (Paris, Actes Sud) est paru en 2004.
– Asma Lamrabet est médecin de formation, exerçant à Rabat. Elle est également essayiste et engagée dans une relecture réformiste de l’islam en général, et sur la question des femmes en particulier. Asma Lamrabet travaille essentiellement sur la relecture des textes religieux à partir d’une perspective féministe, éthique et réformiste. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages, tels que Musulmane tout simplement, Aïcha, épouse du Prophète ou L’islam au féminin, Les femmes et l’islam : une vision réformiste, Croyantes et féministes : un autre regard sur les religions et Islam et femmes : les questions qui fâchent. Elle est également membre de l’Académie du Royaume du Maroc.
– Khaled Ziadeh est professeur d’université et chercheur en histoire culturelle et sociale. Il a été ambassadeur du Liban en République Arabe d’Égypte et Représentant permanent auprès de la Ligue des États Arabes (2007-2016), et est actuellement directeur du Centre Arabe de Recherche et d’Études Politiques – branche de Beyrouth. Parmi ses ouvrages publiés par le CAREP : Culture et identité égyptiennes ; Les musulmans et la modernité européenne ; L’écrivain et le sultan : du Faqih à l’intellectuel ; Études sur les documents des tribunaux islamiques, l’ère Ottomane : méthodologie et terminologie. Il est également l’auteur de La Ville Arabe et la modernité (traduction : IMA / Atelier, 2024) ; Dialogues dans la culture et l’histoire.
– Modéré par Samy Dorlian, maître de conférences à Sorbonne Université. Il enseigne, entre autres, l’initiation à l’histoire de l’islam et l’histoire des idées politiques dans le monde arabe contemporain. Auteur d’un ouvrage en français sur la mouvance zaydite au Yémen et de plusieurs articles en arabe sur l’Algérie contemporaine, il a par ailleurs publié une traduction annotée de l’autobiographie partielle de l’intellectuel libanais Hazem Saghieh et un livre qui synthétise les écrits de Muhsin Ibrahim, un dirigeant de la gauche libanaise (1935- 2020).
› 18h – 19h15 | Panel 5 : Décoloniser les savoirs
La fin du colonialisme ne signifie pas la disparition de toute forme de domination, y compris dans le champ du savoir. Les sciences humaines et sociales se saisissent des notions de « colonialité », « post-colonial », « néocolonial», qui peuvent être l’objet de controverses. Cette rencontre vise à faire le point sur ces notions tout en reconstituant le contexte scientifique qui les a forgées.
– Magid Shihade est un chercheur indépendant et interdisciplinaire. Ses recherches portent sur la modernité, la race, la violence, la mobilité, les études sur le colonialisme de peuplement, les études autochtones, la politique et l’anthropologie du savoir, ainsi que la pensée décoloniale. Son travail sur l’histoire sociale, culturelle, politique et économique de la Palestine est soutenu par ces cadres théoriques et par l’œuvre d’Ibn Khaldoun. Parmi ses publications, Not just a Soccer Game: Colonialism and Conflict among Palestinians in Israel a été publié en 2011 par Syracuse University Press. Parmi ses articles récents, on peut citer Decolonization despite the State: On Not Reading Ibn Khaldun in Palestine, publié en 2018 dans la revue Decolonization: Indigeneity, Education & Society.
– Kmar Bendana est professeure émérite d’histoire à l’Université de La Manouba (Tunisie), chercheuse associée à l’Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain (IRMC) et membre du comité de rédaction de la revue IBLA. Ses travaux et enseignements portent sur l’histoire de la culture politique tunisienne à l’époque contemporaine : histoire des conditions de production du savoir, de l’université, des revues, du cinéma, traduction, co-linguisme, et historiographie en lien avec l’évolution des sciences humaines et sociales consacrées à la Tunisie. Depuis 2011, Kmar Bendana tient un blog : hctc.hypotheses.org
– Modéré par Najate Zouggari, sociologue, enseigne la philosophie en lycée, à Strasbourg. Elle a soutenu une thèse en sciences sociales à l’université de Lausanne et est membre associée du Centre en études de genre à Lausanne et du Centre for Sexuality, Race and Gender Justice à l’université du Kent, en Angleterre. Elle a vécu deux ans à Harlem à l’occasion d’un séjour doctoral et postdoctoral à l’université de New York.
› 19h30 | Lancement de la nouvelle collection « Pensées arabes contemporaines » (IMA / L’atelier)
VENDREDI 15 NOVEMBRE
› 11h – 12h15 | Panel 6 : L’orientalisme et ses critiques : sortir de l’opposition
L’orientalisme a donné lieu à la construction d’une vision romancée et fantasmée de l’Orient, servant avant tout à incarner l’envers de l’Europe. Renvoyant l’Autre à son irréductible altérité, ce courant a permis de légitimer l’impérialisme colonial européen. Ayant profondément marqué la production intellectuelle et académique sur la région, l’ouvrage d’Edward Said a également fait l’objet de nombreuses critiques. Près d’un demi- siècle après sa parution, où en est-on aujourd’hui de l’orientalisme et de ses détracteurs ?
– Gilbert Achcar est professeur en études du développement et relations internationales à SOAS, Université de Londres. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le monde arabe parmi lesquels Le choc des barbaries (2002, 2017), La poudrière du Moyen-Orient (avec Noam Chomsky, 2007), Les Arabes et la Shoah. La guerre israélo-arabe des récits (2009), Eichmann au Caire et autres essais (2012), Le peuple veut. Une exploration radicale du soulèvement arabe (2013), Marxisme, Orientalisme, Cosmopolitisme (2015), Symptômes morbides. La rechute du soulèvement arabe (2017). Son prochain ouvrage Gaza : la catastrophe. Chronique d’un génocide annoncé paraîtra en 2025.
– Abdullah Al-Sayed Ould Abah est titulaire d’un doctorat en philosophie moderne et contemporaine. Il est professeur d’études philosophiques et sociales à l’Université de Nouakchott en Mauritanie, et a également été professeur invité dans plusieurs universités arabes et internationales. Abdullah AlSayed Ould Abah est l’auteur de nombreux articles, études et recherches publiés dans divers journaux et revues.
– Modéré par Mounira Chatti, professeure en littératures francophones à l’Université Paris 8. Elle a publié La fiction hérétique. Créations littéraires arabophones et francophones en terre d’islam (2016), La traduction comme expérience des limites (2016). Elle a codirigé Le théâtre des genres dans l’œuvre de Mohammed Dib (2023), Traduire les mondes arabes (2020), Littératures plein Suds (2015), Sexe, genre, identité (2013), Femmes et création (2012). Elle a publié un roman, Sous les pas des mères (2009).
› 14h – 15h15 | Panel 7 : Pour une anthropologie arabe
Longtemps considérée comme étant au service de l’entreprise coloniale, l’anthropologie s’est vue progressivement réhabilitée. Mise en tension par les terrains contemporains, ses objets d’étude « classiques » ont fait l’objet de réévaluations critiques tandis que ses objets de recherches se sont eux-mêmes considéralement renouvelés. Qu’en est-il de l’anthropologie produite dans le monde arabe ? Quelles relations les chercheurs arabes entretiennent-ils avec les enjeux post-coloniaux que soulève la discipline ?
– Hassan Rachik est anthropologue, membre de l’Académie du Royaume du Maroc, professeur à l’Université Mohammed 6 à Rabat, professeur visiteur dans des universités américaines, européennes et arabes. Il s’intéresse à l’étude des idéologies, aux processus d’idéologisation de la religion, et à la sociologie de la connaissance anthropologique. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Le Sultan des autres, rituel et politique dans le Haut Atlas (1992), Comment rester nomade (2000), Symboliser la nation (2003), Le Proche et le Lointain. Un siècle d’anthropologie au Maroc (2012), L’Esprit du terrain (2016), Éloge des identités molles (2016), Devenir anthropologue chez soi (2021).
– Irène Maffi est professeure d’anthropologie culturelle et sociale à l’Institut des sciences sociales à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne. Elle est spécialiste du monde arabe et a mené des recherches dans deux domaines principaux : l’anthropologie politique et l’anthropologie de la santé, de la reproduction et de la sexualité. Elle a récemment mené une étude de terrain sur l’accès des personnes migrantes aux services de santé dans la Sicile orientale.
– Modéré par Lamia Moghnieh, anthropologue médicale, psychologue et travailleuse sociale, professeure associée au Centre of Culture and the Mind (CULTMIND) au département d’études germaniques et romanes anglaises de l’Université de Copenhague. Ses recherches portent sur l’histoire culturelle et sociale de la psychiatrie, ainsi que sur son lien avec la formation des maladies mentales, l’individu, et les sociétés postcoloniales et postconflits dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord).
› 15h30 – 16h45 | Panel 8 : Penser en réseau
Les think-tanks, centres de recherche et revues se sont imposés comme de véritables lieux de production de connaissance, notamment d’un savoir local souvent appelé indigenous knowledge. Pourquoi les bailleurs de fonds internationaux cherchent-ils à développer une « société de connaissance » ? Cette dynamique de privatisation participe-t-elle au développement de circuits alternatifs de la recherche classique ou renforce-t-elle au contraire les inégalités structurelles entre chercheurs locaux et internationaux ? Quels sont ces effets sur la production du savoir de manière générale ?
– Nawaf Al-Qudaimi est un écrivain et chercheur saoudien originaire de Riyad, diplômé en journalisme de l’Université du Roi Saoud en 2000, Il est le fondateur et directeur du Réseau Arabe pour la Recherche et l’Édition, une maison d’édition spécialisée dans la publication de livres et de traductions sur la pensée, la philosophie et la réforme politique. Il a publié huit ouvrages et ses écrits se concentrent principalement sur la pensée politique et les questions de réformes.
– Ayat Hamdan est chercheuse au Centre arabe de recherches et d’études politiques, et directrice de la revue Ostur, revue dédiée aux études historiques. Elle est titulaire d’un doctorat de l’Institut des études arabes et islamiques de l’Université d’Exeter. Elle est l’auteur de Jérusalem : nettoyage ethnique et méthodes de résistance (Centre arabe, 2023) et a publié plusieurs articles politiques, dont le dernier intitulé Gaza : un gouffre de l’enfer – nettoyage ethnique et déplacement dans la bande de Gaza, ainsi qu’un article sur la guerre contre l’UNRWA et les tentatives de résolution de la question des réfugiés.
– Nadim Houry est un avocat spécialisé en droits humains, avec une vaste expérience de travail au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il est actuellement directeur exécutif de l’Arab Reform Initiative (ARI), un important groupe de réflexion régional basé à Paris, Beyrouth et Tunis, qui œuvre pour la justice sociale, les réformes démocratiques et la responsabilisation des institutions. Avant de rejoindre l’ARI, Nadim Houry a travaillé pendant 13 ans à Human Rights Watch (HRW), où il a fondé et dirigé le bureau de Beyrouth pendant une décennie, avant de devenir directeur du programme sur le terrorisme et la lutte contre le terrorisme de HRW. Au cours de sa carrière, ses recherches ont couvert une large gamme de sujets, allant des disparitions forcées à la liberté d’expression.
– Modéré par Sari Hanafi, professeur de sociologie, directeur du Centre d’études arabes et moyen-orientales et président du programme d’études islamiques de l’Université américaine de Beyrouth. Il est le président de l’Association internationale de sociologie et était vice-président du Conseil arabe pour les sciences sociales. Il est également rédacteur en chef d’Idafat : le journal arabe de sociologie. Titulaire d’une thèse obtenue à l’EHESS en 1994, son parcours universitaire l’a ensuite mené en Italie, en Norvège et en Égypte. Il est l’auteur de nombreux articles et de 18 livres dont The Oxford Handbook of the Sociology of the Middle East (avec A. Salvatore et K. Obuse) et Knowledge Production in the Arab World : The Impossible Promise (avec R. Arvanitis). En 2019, il a reçu un doctorat honorifique de l’Université nationale de San Marcos. Son ouvrage en préparation, intitulé Ethics, religion and dialogical sociology, propose une réflexion sur la religiosité croissante dans différents espaces géographiques, et se situe au croisement de la sociologie politique et de la philosophie morale.
› 17h – 18h15 | Panel 9 : Investir le podcast
Dans le contexte du développement spectaculaire des nouveaux médias, ce dernier panel se concentre sur le podcast. En donnant la parole à des podcasteurs et podcasteuses venus de quatre pays différents, il ambitionne de comparer les contextes de production, de diffusion et de réception de ce médium. L’État participe-t-il à contrôler/censurer le contenu des podcasts ? Le podcast peut-il être pensé comme un outil de diffusion des savoirs et d’activisme politique ? Il s’agira à la fois de s’intéresser à l’économie de l’industrie du podcast et de saisir son impact sur la fabrique des idées et des identités politiques.
– Médéa Azouri est éditorialiste à L’Orient-Le Jour, co-créatrice et co-animatrice du podcast Sarde (After Dinner). Ce programme met en avant des entretiens menés par Médéa Azouri et Mouin Jaber avec des personnalités culturelles, sociales et politiques, principalement du Liban, mais aussi du monde arabe.
– Ramsey G. Tesdell est le PDG et associé de Sowt.com, un réseau de podcasts arabes basé à Amman, en Jordanie, qui produit certains des podcasts les plus influents en arabe. Sowt (« voix » ou « son » en arabe) a lancé plus de 30 émissions et produit des milliers d’épisodes depuis sa création en 2016. L’objectif de Sowt est d’adopter une approche globale, en mettant l’accent sur les nuances et les zones intermédiaires des récits, afin de raconter des histoires que les médias traditionnels ignorent souvent. Ramsey est également cofondateur de 7iber.com, un magazine d’actualités en Jordanie. Il accompagne et conseille des startups de nouveaux médias, en se concentrant sur la stratégie médiatique et le développement commercial, en collaboration avec l’International Center For Journalists.
– Mehdi El Kindi, créateur sonore passionné, s’est imposé comme une figure clé du podcasting et de la radio au Maroc. Animateur et producteur sur Radio 2M depuis 2011, il est également co- organisateur du festival Amwaj, le premier festival dédié à la radio et au podcast au Maroc. En 2020, il crée Les Bonnes Ondes, un studio spécialisé dans la production de podcasts et la formation. Ce studio, ainsi que son média en ligne lesbonnesondes.ma, accompagnent les créateurs locaux, notamment dans le podcast documentaire, en leur offrant un soutien technique et humain pour l’épanouissement de projets authentiques et innovants.
– Modéré par Hajer Ben Boubaker, diplômée en Histoire et Sciences Politiques de la Sorbonne et en Genre, Politique et Sexualité de l’EHESS. Ses recherches portent sur les politiques migratoires européennes et leurs influences dans les pays de la rive sud de la Méditerranée. Elle est la fondatrice du podcast Vintage Arab qui interroge la place des transmissions culturelles et politiques en diaspora et qui s’attache à se réapproprier un patrimoine, loin des imaginaires orientalistes. Elle est aussi la réalisatrice d’une série radiophonique sur le mouvement des travailleurs arabes diffusée sur France Culture.
› 18h30 – 19h30 | Tribune à…
- Aziz el Azmeh : Professeur émérite à l’Université d’Europe centrale (CEU), à Vienne. Il est l’auteur de nombreux ouvrages en arabe et en anglais, traduits en plusieures langues, dont Secularism in the Arab World (Edinburgh, 2020), The Emergence of Islam in Late Antiquity (Cambridge, 2014), Islams and Modernities (Londres, 2009), Muslim Kingship (Londres, 1996), Arabic Thought and Islamic Societies (Londres, 1986), Ibn Khaldun (Londres, 1982). Son ouvrage, L’Oscurantisme postmoderne et la question musulmane (Paris, Actes Sud) est paru en 2004.
- Jocelyne Dakhlia : Née en 1959 d’une mère française et d’un père tunisien, elle a grandi en Tunisie. Historienne et anthropologue française, directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris. Spécialisée dans l’histoire politique et culturelle de l’islam au Maghreb, elle a publié de nombreux ouvrages et articles sur les dynamiques culturelles et politiques dans les pays islamiques, ainsi que sur les répercussions de la révolution tunisienne. Elle est également membre du comité français de l’UNESCO et du conseil d’administration du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée.