Dans le cadre des Webinaires du CAREP Paris, le vingt-troisième épisode avec Stéphanie Latte Abdallah, modéré par Isabel Ruck, a été diffusé en direct le mardi 24 novembre 2020 à 18h30 et avait pour thème :
Économie de la résistance et Intima’ citoyenne : refaire société face au colonialisme en Palestine
Depuis une quinzaine d’années, dans les Territoires palestiniens, les mobilisations se sont relocalisées et transformées. De la résistance populaire aux engagements pragmatiques de l’actuelle économie de la résistance (iqtisad al-sumud), qui fait écho aux modes d’action de la première Intifada, il s’est agi, pour les Palestiniens, de retrouver un usage des ressources naturelles, du patrimoine, et des moyens de production, et ainsi, de restaurer des formes de souverainetés locales dans une perspective d’autonomie. Ces engagements posent la question de la citoyenneté, délivrée des instances et des acteurs politiques institutionnels, au-delà – ou en deçà – de la question de l’État. Ils témoignent de la volonté de reconstruire d’autres formes de citoyenneté et de refaire société. Ils revêtent une dimension affective et mémorielle centrale, et une préoccupation immédiatement écologique, fondée sur l’appartenance et l’inscription dans l’histoire des lieux et des liens. Ils tissent de nouvelles subjectivités, en écho aux vécus et aux perceptions de la continuité de la colonisation et de la violence.
Stéphanie Latte Abdallah
Historienne et politiste, Stéphanie Latte Abdallah est chargée de recherche au CNRS, CERI-Sciences Po. Elle a été affectée à l’IREMAM à Aix-en-Provence (2006-2013) puis à l’Ifpo dans son antenne des Territoires palestiniens (2013-2016). Elle s’est d’abord spécialisée sur les réfugiés et l’histoire des femmes dans les camps palestiniens de Jordanie, puis sur les mobilisations collectives et leurs transformations avant et après les printemps arabes. Elle a particulièrement travaillé sur les engagements féminins, puis sur les féminismes, en Jordanie, au Moyen-Orient et dans les sociétés arabes. Ses travaux récents ont porté sur des questions de mobilités, de frontières et d’enfermement dans les espaces israélo-palestiniens, et sur la question carcérale. Elle a par ailleurs contribué à des projets artistiques et des expositions d’art contemporain, écrit et co-réalisé avec Emad Ahmad le film Inner Mapping (51’, 2017) sur la carte et les circulations dans les espaces israélo-palestiniens. Elle dirige aujourd’hui le projet « Alternatives citoyennes et économiques au Moyen-Orient. De l’invention sociale en temps de conflit ». Son dernier ouvrage La toile carcérale : une histoire de l’enfermement en Palestine paraîtra chez Bayard en février 2021.