Nous avons le plaisir de vous communiquer le troisième appel à contribution de la revue Bidaya, une revue annuelle en sciences humaines et sociales, francophone, en ligne et consacrée au monde arabe. Bidaya vise à soutenir l’entrée des étudiants dans le monde de la recherche, en leur fournissant à la fois des conseils sur les techniques de rédaction d’articles et un espace de publication inédit.
Cet appel vise à rassembler les textes du dossier central du volume 3 de la revue, ainsi que les contributions des rubriques régulières (Varia et Lu, vu et entendu).
Dossier thématique : « Arts et pouvoir dans le monde arabe »
Quel lien existe-t-il entre les différentes formes d’expression artistique et de pouvoir dans le monde arabe ? Telle est la problématique que se propose d’explorer le dossier thématique du troisième numéro de la revue étudiante Bidaya.
Le rôle de l’art comme outil de contestation n’est plus à démontrer, les soulèvements dans les pays arabes l’ont d’ailleurs largement mis en exergue. De Tunis au Caire, de Bagdad à Beyrouth, les espaces urbains, tout comme le cyberespace, ont été partout investis par des créations aux tonalités souvent très politiques. L’art, en tant qu’expression culturelle, sociale et politique, peut donc être utilisé de manière à influencer la société et/ou à défier le régime politique en place. Cela a été le cas particulièrement dans des moments révolutionnaires ou de lutte politique, comme la révolution égyptienne de 1919 ou la Guerre d’indépendance algérienne. Le véritable pouvoir de l’art, notamment dans des contextes autoritaires, réside alors dans sa capacité à générer des utopies, à imaginer les possibles et à pousser les individus à interroger leurs conditions de vie. C’est en cela que les expressions artistiques sont non seulement une forme de contestation, mais aussi de mobilisation des populations ; d’où l’attention que leur portent les gouvernements et États de tout temps.
Si l’art apparaît en premier lieu comme un moyen par lequel les dominés peuvent s’affranchir des diktats officiels, il est aussi fréquent que des gouvernements s’approprient et détournent des formes artistiques à des fins propagandistes, nationalistes ou politiques. L’art pouvant exercer une forte influence, il est souvent visé par les régimes autoritaires lorsqu’il ne véhicule pas le message souhaité. Ceux-ci ont alors recours à la censure de certaines œuvres ou expressions artistiques. Mais le lien ne se fait pas toujours de manière négative, dans l’objectif de « détourner » ou de « censurer » les œuvres. Celles-ci possèdent également une valeur marchande qui devient un enjeu économique et politique non négligeable. Ainsi, les monarchies du Golfe ont investi ces dernières décennies dans une véritable politique de Branding culturel, qui vise, à travers la promotion de l’art, à présenter un visage « démocratique ».
Enfin, des formes très diverses de pouvoir se lient à l’art, notamment dans ses dimensions économique et sociale. En effet au-delà des États, les institutions, les ambassades et leurs instituts, les fondations, les curateurs et les associations entretiennent de fait un rapport avec la création, par l’octroi de subventions, appels d’offres, résidences, festivals, prix, etc. Pour ce dossier de Bidaya, nous appelons des contributions qui interrogent les contextes de création dans le monde arabe, les relations que les artistes et créateurs, toutes disciplines confondues (arts de la scène, théâtre, cinéma, arts plastiques, ou arts de la rue) entretiennent avec les pouvoirs politiques, les institutions culturelles étatiques ou privées. Une attention particulière sera vouée aux propositions d’articles examinant les aspects financiers, économiques, la relation avec les bailleurs de fonds. Les contributions étudiant également les messages véhiculés dans leurs contextes historique, politique et social, ainsi que le pouvoir de contestation et de dénonciation de l’art dans des périodes de crises, même lorsqu’il est contrôlé ou censuré, sont également les bienvenues. Nous précisons que le thème de ce numéro se décline sur toutes les périodes historiques. Des articles traitant de la question des arts produits en contexte colonial ou des productions artistiques circulant dans le cadre de l’empire ottoman, y trouveront leur place, tout comme le sujet du rapport de la religion aux arts et la contrainte des représentations figuratives.
Bibliographie sélective
- BELMENOUAR, Safia, « Art contemporain arabe », Transcontinentales [En ligne], 12/13 | 2012, document 3, mis en ligne le 30 août 2012.
- CLEMENT, Jean-François, BEAUGE, Gilbert, L’Image dans le monde arabe, CNRS éditions, 1998.
- IRBOUH, Hamid, Art in the service of colonialism: French art education in Morocco 1912-1956, Bloomsbury Academic, 2013.
- DAKHLIA, Jocelyne (dir.), Créations artistiques contemporaines en pays d’Islam. Des arts en tensions, Paris, KIME, 2006.
- HOUSSAIS, Coline, Musiques du monde arabe : une anthologie en 100 artistes, Marseille, Le mot et le reste, 2020.
- KAZEROUNI, Alexandre, Miroir des cheikhs. Musée et politique dans les principautés du golfe persique, Paris, PUF, coll. « Proche-Orient », 2017.
- MERMIER, Franck, PUIG, Nicolas (dir.), Itinéraires esthétiques et scènes culturelles au Proche-Orient, Beyrouth, Presses de l’Ifpo, 2007.
- SABRY, Tarik, Cultural Encounters in the Arab World: On Media, the Modern and the Everyday, Londres, I.B.Tauris, 2010.
- SLITINE, Marion, BONTE, Marie, « Ce que l’art fait à la ville au Maghreb et au Moyen-Orient. Pratiques artistiques, expression du politique et transformations de l’espace public », Manazir Journal, Swiss Platform for the Study of Visual Arts, Architecture and Heritage in the MENA Region, Université de Genève & Université de Bern, n° 3, 2021.
- SLITINE, Marion, « Contemporary art from a city at war: The case of Gaza (Palestine) », Cities, The International Journal of Urban Policy and Planning, vol. 77, juillet 2018, p 49-59.
Formats des contributions
Dossier thématique :
- Article principal du dossier thématique : l’article principal doit être un papier de recherche et/ou une dissertation présentant une problématique originale et une recherche fouillée. L’article principal fera entre 3000 et 5000 mots (Times New Roman 12, interligne 1,15).
- Article d’approfondissement du dossier thématique : les articles d’approfondissement sont des articles qui analysent en détail un aspect de la thématique centrale. Ces articles feront entre 1500 et 3000 mots (Times New Roman 12, interligne 1,15).
- Entretien du dossier thématique : l’entretien du dossier thématique est un texte long qui fera entre 1500 et 2000 mots (Times New Roman 12, interligne 1,15).
- Contributions artistiques : pour le dossier thématique, pourront également être proposées les travaux artistiques visuelles de type : photographie, illustration, dessin, peinture.
Varia :
La rubrique Varia accueille des contributions aux sujets divers en lien avec le monde, idéalement entre 1500 et 2000 mots (Times New Roman 12, interligne 1,15).
Lu, vu, entendu :
Les contributions de cette rubrique sont variables :
- Les recensions d’ouvrages seront entre 1000 et 2000 mots (Times New Roman 12, interligne 1,15).
- Les recensions de blogs, sites et les critiques de films peuvent varier entre 500 et 2000 mots (Times New Roman 12, interligne 1,15).
- Les entretiens menés avec des chercheurs/des acteurs du terrain feront entre 1000 et 2000 mots.
Envoi des contributions
Vous pouvez nous adresser vos propositions à l’adresse bidaya@carep-paris.org avant le 28 avril 2023.
- Un avis d’acceptation vous sera indiqué avant le : 31 mai 2023
- Date de soumission de l’article : 16 septembre 2023
- Notification d’acceptation : 16 octobre 2023
- Soumission de l’article révisé : 16 novembre 2023
- Publication prévue : mars 2024
Pour toute information complémentaire, rendez-vous sur le site : carep-paris.org/bidaya ou contactez l’adresse : bidaya@carep-paris.org